Entre chien et loup
Le 29 mars 2005
Retour du jeune prodige des lettres anglaises. Alex Garland signe un roman dans lequel un personnage navigue en permanence entre deux rives, celle de la réalité contre celle de l’inconscience.
- Auteur : Alex Garland
- Editeur : Belfond
- Genre : Thriller, Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Pour ceux à qui le nom d’Alex Garland n’évoque rien, rappelons juste qu’il est l’écrivain fétiche du réalisateur Danny Boyle. D’ailleurs, Boyle n’est pas étranger au fait que la notoriété de Garland se soit envolée dès la publication de son premier roman, La plage, paru en 1998. Garland a ensuite écrit un scénario sur mesure pour Boyle, celui du plutôt réussi 28 jours plus tard. Tout ça pour situer l’univers de ce jeune écrivain britannique, un univers où folie et déraison possèdent une place essentielle, dans lequel ses personnages s’enlisent et se perdent progressivement, avant de réaliser qu’ils ne peuvent plus lutter contre la puissance du monde qui les entoure.
Cette fois, Garland effectue la démarche dans l’autre sens. Il utilise le prétexte du coma pour confronter son personnage à ses démons et à sa folie, pour le pousser dans ses retranchements les plus secrets, dans le labyrinthe d’une conscience un peu vaseuse pleine de fantasmes et d’illusions. C’est après avoir voulu secourir une jeune femme dans le métro que Carl se fait tabasser par un groupe d’individus. Laissé inconscient, Carl se réveille (mais au fond, se réveille-t-il vraiment ?) dans une chambre d’hôpital où il commence à reconstruire et ordonner ses souvenirs.
Le lecteur va suivre la renaissance de ce personnage parmi les vivants. Et puis, au fur et à mesure, le doute s’installe et se fait de plus en plus présent. Cette vie que Garland nous donne à lire n’est-elle pas tout simplement un rêve ininterrompu ? N’est-elle pas le fruit de l’inconscient d’un personnage plongé dans un sommeil dont il ne sortira pas ? Les nombreuses illustrations en noir et blanc, extrêmement sombres et violentes, renforcent ce sentiment. Garland nous balade à sa guise, jouant avec les deux états de conscience de son personnage, comme une balle qui rebondirait contre un mur et que l’on serait toujours obligé de renvoyer. Un match de ping-pong entre rêve et réalité en quelque sorte, dans lequel le lecteur décide du côté où il souhaite se situer. C’est d’ailleurs cela que Garland réussit parfaitement. Sans jamais franchement nous guider, il s’arrange malgré tout pour ne pas nous perdre. Un seul regret. Sur la longueur, le récit s’essoufle un peu, comme si l’auteur s’était laissé prendre à son propre piège, un piège dont il aurait, malgré lui et contre toute attente, égaré la clé en route.
Alex Garland, Le coma (The coma, traduit de l’anglais par Oristelle Bonis), illustrations de Nicholas Garland, Belfond, 2005, 150 pages, 15 €
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