Into the wild
Le 27 août 2012
Réalisé avec le talent et la pudeur qui caractérisent son cinéma, Sometimes a Great Notion contient les grandes obsessions de Paul Newman.
- Réalisateur : Paul Newman
- Acteurs : Paul Newman, Henry Fonda, Lee Remick, Richard Jaeckel, Michael Sarrazin, Linda Lawson, Cliff Potts
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 25 août 2024 23:37
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Titre original : Sometimes a Great Notion
- Date de sortie : 14 avril 1972
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Résumé : Les bûcherons sont en grève. Seule la famille Stamper continue à travailler ce qui provoque l’animosité des autres.
Critique : Dans la filmographie de Paul Newman réalisateur, Sometimes a Great Notion tient une place légèrement à part. D’abord car il n’était pas prévu qu’il le dirige, n’ayant repris le flambeau qu’à la suite d’une divergence avec le réalisateur initial. Ensuite et surtout car, coincé entre deux films de femmes (Rachel, Rachel et De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites), il s’agit d’un film d’hommes, où les personnages ne peuvent espérer exister qu’en affirmant leur assurance et leur force physique.
La trame vaguement sociale n’est en réalité qu’un prétexte, et sert de toile de fond à un propos tout autre. Encore une fois, ce dont nous parle surtout Newman, c’est de la difficulté de vivre avec ceux que l’on connaît trop bien, de parvenir à exister au milieu des siens. Car chez lui, le cinéma est affaire de famille, toujours. Ici, il nous décrit un monde dans lequel la parole est difficile, où celui qui s’exprime avec sincérité est immédiatement en position de faiblesse. Alors on parle peu, et lorsqu’on le fait, c’est pour aller à l’essentiel, ou au sarcasme. C’est aussi ce silence des personnages qui nourrit la nuance, permettant à la gaité de n’être jamais tout à fait gaie, à la tristesse de n’être jamais tout à fait triste. Cinéaste de la vérité, Paul Newman ne s’encombre d’aucun artifice, et aspire au dépouillement. Alors seulement, lorsque plus rien ne vient altérer le regard, le cinéma se transforme en réalité, et l’insignifiant en fondamental.
Ce qui marque également, c’est l’amour du réalisateur pour les acteurs, tous les acteurs. Les plus connus (ici Henry Fonda, ailleurs Joanne Woodward) comme les délaissés. Dans Sometimes a Great Notion, c’est Richard Jaeckel qui, par sa rugosité et son humour désespéré, guide l’émotion, notamment au cours de certaines séquences d’une rare intensité dramatique.
Il y a enfin le contexte naturel, qui n’est d’abord qu’utilitaire : les arbres qui tombent permettent de vivre, rien de plus. Dans la vie de tous les jours, ce n’est qu’un fond, un environnement qu’impose la naissance, un décor dans lequel il faut bien évoluer. Pire : non content de ne contribuer en rien à l’épanouissement, c’est aussi par ces grands arbres de l’Oregon qu’existe le risque, qu’arrive le drame.
Mais voilà. L’océan dans Harry and Son, des fleurs qui poussent dans De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites : chez Paul Newman, c’est finalement la nature qui importe et permet de trouver l’équilibre auquel on ne croyait plus. Et ici encore, sous la forme de rondins de bois traînés sur un fleuve, c’est encore elle qui permet d’obtenir, à l’arrachée, sa parcelle de bonheur.
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