Le 25 septembre 2022
L’une des grandes réussites de Paul Newman en tant que réalisateur, et un rôle en or pour la divine Joanne Woodward.
- Réalisateur : Paul Newman
- Acteurs : Joanne Woodward, Nell Potts, Roberta Wallach, Judith Lowry, David Spielberg
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Splendor Films
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 1h40mn
- Reprise: 28 septembre 2022
- Titre original : The Effect of gamma rays on Man-in-the-Moon Marigolds
- Date de sortie : 30 mai 1973
- Festival : Festival de Cannes 1973
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Résumé : Beatrice Hunsdorfer, femme abandonnée de quarante ans, élève seule ses deux filles de treize et dix-sept ans. Elle tente de rompre la routine en faisant des rencontres qui sont toujours de courte durée.
Critique : Les réalisations de Paul Newman oscillent entre un classicisme (L’affrontement, La ménagerie de verre) et une modernité davantage représentative d’un certain cinéma indépendant des années 70. Comme son contemporain Robert Redford, il préfère casser son image glamour de séducteur en filmant des personnages écorchés en proie au doute et névrosés, dans des productions éloignées du confort narratif et visuel hollywoodien. Dirigeant son épouse, la sublime Joanne Woodward, il lui confie l’une de ces prestations qui suffisent à illuminer une vie d’actrice : elle y incarne Beatrice, divorcée quadragénaire qui vivote en sous-louant son appartement à des êtres encore plus paumés qu’elle. Allumant cigarette sur cigarette (le tabagiquement correct ne sévissait pas encore à l’écran), elle trompe son ennui en consultant d’improbables annonces matrimoniales et en s’occupant, tant bien que mal, de ses deux filles.
- © Splendor Films
La plus jeune poursuit des recherches relatives à l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites... Le charme fou qu’exerce cette adaptation par le scénariste Alvin Sargent d’une pièce de Paul Zindel se poursuit bien après la projection. Newman prend le temps de filmer les petits moments de l’existence et les bizarreries du quotidien (désopilante séquence d’une voisine entrevue par la fenêtre et que l’on croit morte, alors qu’elle s’est assoupie). L’humour noir ou pince-sans-rire accompagne les situations les plus sordides sans les esquiver, à l’instar de la scène de l’ivresse lors de la remise des prix scolaires. Mais le plus beau moment est peut-être le passage où Béatrice, en transe sur une colline, est abordée par un policier qui s’avère être un ancien camarade de lycée : les quelques minutes de dialogues suffisent à évoquer le fossé qui les sépare, mais aussi les désillusions accumulées toute une vie. Portrait d’une enfant déchue ?
- © Splendor Films
Cette œuvre s’inscrit en fait dans la lignée d’un certain cinéma de la femme américaine des seventies : en passant de la transe à l’hystérie, sans céder aux sirènes du cabotinage Actors Studio, Woodward compose un personnage proche de ceux d’Ellen Burstyn dans Alice n’est plus ici ou Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Ces actrices ont toutes interprété des personnages borderline, typiques des frustrations et anomies d’une période de révolution féministe. Le film valut à Joanne Woodward le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1973.
– Sortie en version restaurée : 28 septembre 2022
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