Le 27 mars 2018
Le troisième long-métrage de Destin Cretton frôle un peu trop l’indigeste des pires tendances du cinéma indé américain, tout en parvenant à toucher le spectateur malgré tout. Passé inaperçu en salle, le film sort discrètement en DVD dans une édition de bonne facture.
- Réalisateur : Destin Daniel Cretton
- Acteurs : Naomi Watts, Woody Harrelson, Brie Larson, Sarah Snook
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 2h02mn
- Titre original : The Glass Castle
- Date de sortie : 27 septembre 2017
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Sortie DVD : le 21 février 2018
Résumé : Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New-York, a tout pour réussir et personne ne peut imaginer quelle fut son enfance. Elevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre mais qui reste hanté par ses propres démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû, depuis son plus jeune âge, prendre en charge ses frères et sœurs pour permettre à sa famille dysfonctionnelle de ne pas se perdre totalement. Sillonnant le pays, poursuivis par les créanciers, et refusant de scolariser leurs enfants, les Walls ont tout de même vécu une vie empreinte de poésie et de rêve, qui a laissé des marques indélébiles mais qui a créé des liens impossibles à renier.
Notre avis : Même si Le Château de Verre sort tout droit d’une histoire vraie, avec ce que cela impose en tant que respect pour le matériau originel, Destin Cretton fait clairement de son troisième long-métrage un projet une nouvelle fois très personnel. Depuis le touchant States of Grace, adapté de sa propre expérience dans un foyer pour jeunes, on sait le jeune réalisateur obnubilé par l’enfance difficile et les relations conflictuelles avec les parents. De cette obsession naît pour Le Château de Verre et l’histoire de Jeannette Walls une grande compréhension et un attachement très puissant, ce qui imbibe le film d’une très belle honnêteté et une volonté de voir dans le pire de la tendresse et de l’amour. La justesse dans l’écriture, toujours là pour n’accabler personne et tenter de comprendre l’intériorité de chaque personnage, constitue le pilier central de tout le reste, où acteurs et mise en scène se mettent au profit de cette histoire contrastée.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
L’écueil dans lequel le film tombe malheureusement un peu trop est sa prévisibilité dans son travail sur l’émotion. On ressent tellement l’amour du réalisateur pour ce récit qu’il met tous ses moyens au profit d’une émotion plus grossièrement construite que ce qu’il avait produit par l’épuré States of Grace. Le Château de Verre se flaire à bien des kilomètres comme le produit parfait du cinéma indépendant américain, qui derrière son apparence sincère et véritable repose sur des codes justement bien artificiels. On reste très éloigné de ce que ce pan de l’industrie peut produire de plus larmoyant, mais trop de poncifs dictent l’émotion, aucune réelle surprise ne vient rehausser un intérêt limité pour le film en tant qu’oeuvre artistique. Tout est couru d’avance en terme de réalisation, mise au service d’une volonté de proximité et d’ "authenticité" (factice) vis-à-vis de l’histoire mais qui en fait bien trop pour ne pas exposer les aboutissants ultra-classiques de ses tricks.
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Dans ce film, c’est bien évidemment les acteurs qui s’en donnent à cœur joie. Entouré pour cette fois d’un casting indie-Hollywood, Destin Cretton confirme sa qualité de directeur d’acteurs, tous plus investis les uns que les autres pour crédibiliser cette famille anti-conformiste. L’alchimie est forte, et bien que le film brasse de nombreuses années, parfois de manière trop elliptique, les liens nouant cette fratrie dans l’amour autant que la douleur ne faiblissent jamais d’intensité à l’écran. C’est finalement plus grâce à ses interprétations qu’à sa mise en scène que Le Château de Verre parvient à toucher lors de quelques scènes fortes et un final plein de maturité et de tendresse pour la relation père / fille au centre du film. Si on ne louera clairement sa pudeur, ce drame familial peut compter sur des atouts solides pour se hisser légèrement au-dessus de la moyenne de ce cinéma bien standardisé, presque aussi fatiguant finalement que la grosse production hollywoodienne moribonde.
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Le DVD : Pas d’édition blu-ray pour le film, dommage.
Les suppléments :
Parce que c’est une histoire vraie (et assez incroyable), les bonus mettent bien l’accent sur l’aspect "adaptation" du long-métrage, que ce soit vis-à-vis du livre dont le scénario est tiré, ou de la "véritable" histoire et sa protagoniste, Jeannette Walls. Les coulisses présentés ne parlent pour ainsi dire que de ça quasiment, avec une grande part laissé à la "vraie" Jeannette et son opinion et participation sur le projet. Un peu comme le film, le tout est un peu larmoyant, très "indie" mais également très humain, ce qui en fait des suppléments agréables à regarder. Il faut également compter sur une featurette sur la musique, intelligemment composée, et quelques scènes coupées, dont certaines plutôt sympathiques.
L’image :
Si l’image manque clairement de punch dans ses scènes les plus sombres et ternes, cette édition DVD propose malgré tout un rendu satisfaisant, avec une belle colorimétrie lors de ses scènes les plus lumineuses. L’esthétique des séquences dans le passé ne permet pas au film d’arborer une définition exemplaire hormis lors de quelques très jolis gros plans, mais l’ensemble tient la route.
Le son :
Deux belles pistes audio pour la VO et la VF, toutes les deux proposées dans un 5.1 d’une belle profondeur dans les dialogues, constituant très majoritairement ce film. Quant à la bande-originale, elle s’incorpore avec équilibre dans un ensemble complet.
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