Le 23 février 2020
Un film rare et puissant, qui tente de réhabiliter l’humiliation et les injustices subies par les peuples noirs aux Etats-Unis, tout en faisant honneur au métier d’avocat.
- Réalisateur : Destin Daniel Cretton
- Acteurs : Jamie Foxx, Michael B. Jordan, Brie Larson, Rob Morgan
- Genre : Biopic, Drame historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h17mn
- Date télé : 26 octobre 2020 20:53
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Just mercy
- Date de sortie : 29 janvier 2020
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Résumé : Le combat historique du jeune avocat Bryan Stevenson. Après ses études à l’université de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carrière des plus lucratives. Il décide pourtant de se rendre en Alabama pour défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas - le plus incendiaire - est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de dix-huit ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses. Au fil des années, Bryan se retrouve empêtré dans un imbroglio de manœuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face à un racisme manifeste et intransigeant alors qu’il se bat pour Walter et d’autres comme lui au sein d’un système hostile.
Notre avis : Première humiliation terrible subie par cet avocat, Bryan Stevenson, qui, lors de sa première visite au parloir d’un centre pénitentiaire d’Alabama, doit se déshabiller devant un maton aussi jeune que lui et totalement amusé par le petit pouvoir dont il jouit. La messe est dite. Quand on est noir, on n’est pas avocat aux Etats-Unis, même diplômé d’Harvard. On est d’abord un nègre comme ils disent, surtout lorsqu’il s’agit de défendre des hommes et des femmes pauvres, condamnés à mort, souvent à tort, au seul motif de la couleur de leur peau. On se croirait emporté dans le chef-d’œuvre de Steve McQueen, 12 years a slave, qui à sa façon, racontait le destin terrible d’un violoniste, enlevé et vendu comme esclave pendant la guerre de Sécession. Sauf qu’ici, nous ne sommes pas en 1865. Nous sommes à la fin des années 80, période pendant laquelle un homme, Johnny D., est injustement accusé du crime odieux d’une adolescente, et condamné à mort dans un procès expéditif et construit de toutes pièces par l’accusation.
- Copyright 2019 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC.
L’actualité du propos résonne comme un cri lancé contre la discrimination. Il ne faut pas avoir fait de grandes études de sociologie pour se rendre compte que les personnes les plus pauvres et les plus ignorées sont d’abord noires ou d’origine immigrée. La voie de la justice n’est pas seulement un film historique. C’est un long-métrage conçu pour témoigner des injustices subies par tout un peuple qui a été esclavagisé et enlevé de ses terres. Le récit vient parler au creux de l’oreille de tous ceux qui, à la façon de ce Johnny D., sont humiliés par la discrimination quelle qu’elle soit. Le spectateur vibre avec ce héros avocat, qui tient bon, jusqu’au bout, dans le seul but de rendre la parole aux humains de seconde zone et de faire de la justice américaine un exemple de démocratie.
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Le titre original est plus adapté que la traduction française : Just Mercy, qui traduit la nécessité de faire advenir l’évidence du droit contre les préjugés. On a du mal à croire la première décision du juge, qui va à l’encontre des preuves béantes que les accusations portées contre le prévenu ont été fabriquées de toutes pièces par la justice américaine, pour des raisons politiques de sécurité intérieure. Et pourtant, le réalisateur ne trahit pas la vérité de ce qui s’est réellement produit. Un magistrat a en effet osé confirmer la condamnation à mort d’un homme, alors que toutes les preuves convergeaient vers son innocence. On suit avec effroi la bataille que mène ce jeune avocat brillant, malgré les pressions qu’il subit et les pièges qui lui sont tendus. L’important pour la communauté blanche de l’Alabama demeure qu’un coupable soit désigné parmi les familles noires pour mettre un nom sur un crime parfaitement insupportable d’une jeune fille de dix-huit ans.
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On pardonnera la mise en scène des plus classiques. Destin Daniel Cretton veut toucher son public et il sort toute l’artillerie mélodramatique pour y parvenir. Le cinéma a le droit parfois d’user des artifices à sa disposition quand il s’agit d’un combat noble, magnifique, et jamais démagogique. La dignité de l’avocat, contenue jusqu’à la fin du film, renforce le projet du réalisateur de ne pas céder à la facilité et à la rhétorique de victimisation. Le scénario déroule les incohérences de la procédure pénale aux Etats-Unis qui fonde sa vérité sur les seuls aveux. Le spectateur français se dit d’ailleurs qu’il a de la chance de bénéficier d’une justice, certes imparfaite, mais dont les fondamentaux reposent sur l’obligation du juge de confirmer la culpabilité des prévenus, plutôt que celle des condamnés de justifier de leur innocence. Le film rend un vibrant hommage au métier d’avocat qui ne se cantonne pas à faire durer des procédures, au seul motif de son enrichissement personnel, mais se bat pour faire valoir la vérité qui est due à nombre de justiciables.
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Le plus important, après avoir vu un pareil film, demeure l’évidence que la condamnation à mort de tout criminel ne doit et ne peut dépendre des mains de la justice humaine. La voie de la justice est un grand film, stupéfiant de beauté, qui magnifie le droit à chacun d’entre nous de bénéficier d’une justice impartiale, droite, et en permanence tournée vers le respect absolu des droits de l’homme.
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