Monsieur Freud aime profiter des premiers rayons du soleil, le nez au vent, l’œil attentif à chaque rencontre, prêt à lever courtoisement son couvre-chef au passage d’une connaissance. Et c’est justement là que tout s’écroule ! Quelques millimètres de trop, des initiales inconnues, un chapeau étranger, en somme, et des abîmes de perplexité. Nata Minor joue malicieusement du mythe et donne vie à un docteur Freud tourmenté, déstabilisé, jeté par ce grain de sable dans la mécanique de ses journées, dans un tourbillon affolant de pensées fugitives et d’associations parfois troublantes. Au dessus de la mêlée, l’ombre d’Arthur Schnitzler, celui dont Freud lui-même disait : "Si je vous ai toujours évité, c’est par une sorte de crainte de rencontrer mon double. " Mais chassez donc l’inconscient... Il revient par les portes dérobées (comme l’authentique chapeau), s’impose, éclipse le bonheur du jour par ses pensées importunes et n’est pas si facile à repousser "d’un revers de main" !

Une seule lézarde fait apparaître la fragilité du mur, et c’est ce chapeau, supposé couvrir le chef, qui par son absence ou son ambiguïté fait tout à coup exploser le cadre, laissant l’homme nu face à lui-même. Nata Minor s’insinue avec subtilité dans ces petits riens qui font tout et malmène un peu le dogme, pour lui refaire une santé !