Le 17 juin 2019
Au croisement de la mythologie et du fantastique, le film d’Emmanuel Raquin-Lorenzi envoûte du début à la fin.
- Réalisateur : Emmanuel Raquin-Lorenzi
- Acteurs : Miklos Bacs, Alexandra Milgrom, Angelica Nicoara
- Genre : Drame fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Saint-André des Arts
- Durée : 1h06
- Date de sortie : 5 juin 2019
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Résumé : Le 12 juin 1992 disparaissait en Transylvanie Raimon Lusinanu, journaliste caméraman roumain, qui enquêtait lui-même dans la région sur des disparitions inexpliquées.
Notre avis : Comme le livre ethnographique, Le pays du lac, dont il est le prolongement fictionnel, Le chant de la couleuvre s’ouvre sur la foire de Negreni, commune transylvanienne, qui nourrit le premier entretien mené par le journaliste caméraman. Des rumeurs de disparitions le conduisent à arpenter les villages environnants, où vivent les artisans qui participent à cette foire. Les plans tournés par ce journaliste et ceux de son assistante configurent un résultat proche du found-footage, même si la dimension vériste est très nettement impactée par le principe d’une bifurcation fantastico-poétique, à mesure que les investigations menées s’égarent comme se perdent les véhicules sur les routes sinueuses. Le film prend la tangente, guetté par un mystère perpétuel qui engendre le souhait de sa rencontre : "J’ai plutôt l’impression que quelque chose nous cherche et j’ai envie qu’elle nous trouve", commente l’assistante, laquelle intime à sa seconde caméra l’ordre d’une fuite, ne cessant de délaisser son sujet initial, pour investir les frontières délimitées par son propre désir ou le contact de murailles symboliques - clôtures, barrières, forêts impénétrables - qui géométrisent les contours d’un monde insaisissable. Avide de rejoindre l’énigme jusqu’à l’incarner, cherchant dans les plaines la présence des rires enfantins, dont la manifestation régulière semble le signe d’un paysage habité par le chant des nymphes, sa caméra débusque une petite fille, lièvre surgissant sur une plaine gibbeuse, sœur des serpentes qui disparaissent, aussitôt apparues.
Finalement, une métamorphose s’accomplit : à la faveur d’un bain vespéral, la jeune femme semble traverser le miroir et rejoindre la mythologie, devenant ondine sur le bord d’un lac, Mélusine par le contact avec l’eau. Cette scène nodale rejoue, sur le mode transgressif du regard-caméra, la terrible découverte de Raimondin, traquant le secret de son épouse, rétrospectivement puni de sa curiosité, ce que met en scène la fin du film.
Œuvre allégorique, à la frontière du genre fantastique et du cinéma expérimental, Le chant de la couleuvre est une expérience réellement envoûtante.
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