Même pas peur
Le 7 mars 2011
Au lieu de nous pondre une énième histoire de fantômes, Nakata signe un beau mélo métaphysique et personnel. Hideo, encore bravo.
- Réalisateur : Hideo Nakata
- Acteurs : Naomi Watts, David Dorfman, Simon Baker, Elizabeth Perkins, Gary Cole, Sissy Spacek
- Genre : Fantastique, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 14 janvier 2024 22:00
- Chaîne : Game One
- Titre original : The Ring 2
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 30 mars 2005
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Résumé : Six mois après les horribles événements qui leur avaient fait fuir Seattle, Rachel Keller et son jeune fils Aidan se sont réfugiés à Astoria, dans l’Oregon. La journaliste espère oublier ses épreuves dans cette paisible bourgade côtière, mais de nouvelles menaces ne tardent pas à planer sur sa vie. Un crime énigmatique, commis à l’aide d’une cassette trop familière, donne l’alerte : l’esprit de Samara n’a pas renoncé à sa vengeance et Rachel va devoir enquêter sur le lointain passé de la fillette pour arrêter le cycle infernal de ses violences maléfiques...
Critique : Au risque de décevoir, The Ring 2 n’est pas un thriller horrifique mais un mélodrame fantastique, qui en creux dessine une histoire d’amour entre une mère et son fils, sur fond de sacrifice, maternité, remise en question et apaisement. Point barre. Personne ne s’y attendait, tout le monde ne va pas être content, et c’est une excellente nouvelle qui montre que sous des obligations scénaristiques parfois limites (le passage des daims) se profilent les ombres plus angoissantes encore d’une œuvre intime, torturée, étrange. Les spectateurs adeptes de divertissements frivoles vont être passablement déroutés par cet objet trompeur. Sauf que contrairement à Shyamalan et sa fumisterie de Village qui se complaisait dans la manipulation débile, la transcendance du néant et l’expérimentation fumeuse, Hideo Nakata, authentique virtuose du genre fantastique, sait, lui, faire naître discrètement un second film dans le ventre du premier, faussement gangrené par les clichés et les lieux communs. Ou comment arriver à véhiculer des idées intelligentes à travers un script rompu aux sentiers battus.
Suite bâtarde et imparfaite du The Ring, de Gore Verbinski (et faux remake de Ringu 2 de Nakata), Ring 2 est en parfaite corrélation avec Dark Water, conjonction sublime d’angoisse et de mélo qui le plaçait directement dans la lignée des Borzage et Tourneur. Certains passages plus ou moins astucieux peuvent amener le spectateur à s’égarer sur de fausses affirmations et arguer que ce film souffre d’une impersonnalité à tous les niveaux. Sauf qu’on retrouve précisément dans Ring 2 toute la thématique de Hideo Nakata jusque dans ses plus fines ambiguïtés : rapport mère-enfant, pression sociale, climat paranoïaque, impression d’être pris pour un fou, solitude, mère dévouée, père absent...
Ce serait être de mauvaise foi que de nier les faiblesses de cet objet filmique qui pèche par excès (bande-son inadéquate, effets spéciaux discutables, dialogues trop explicites, débordements grand-guignolesques), mais Nakata s’accommode comme il peut du cahier des charges aux lourdes contraintes hollywoodiennes. Il livre non pas un film malsain mais une œuvre apaisante, presque sereine, voire personnelle, qui semble conclure le phénomène Ring ainsi que mettre fin à toutes les douteuses déclinaisons et les vains avatars. C’est in fine un film d’une cohérence inouïe. Faute d’apporter une satisfaction immédiate, cette suite risque de potentiellement décevoir parce qu’elle a le malheur de prendre une direction conceptuelle. C’est pourtant ce qui fait sa richesse et son intérêt.
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