Fillette à la page
Le 13 mars 2008
Porté par une actrice en herbe qui crève l’écran, ce témoignage bouleversant sur le quotidien d’une fillette dans un pays ravagé évite avec brio l’écueil de la noirceur en laissant poindre une note d’espoir là où celui-ci semble interdit.
- Réalisateur : Hana Makhmalbaf
- Acteurs : Nikbakht Noruz, Abdolali Hoseinali, Abbas Alijome
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Date de sortie : 20 février 2008
– Durée : 1h21mn
– Titre original : Buda as sharm foru rikht
Porté par une actrice en herbe qui crève l’écran, ce témoignage bouleversant sur le quotidien d’une fillette dans un pays ravagé évite avec brio l’écueil de la noirceur en laissant poindre une note d’espoir là où celui-ci semble interdit.
L’argument : Dans l’Afghanistan de l’après-Taliban, Bakhtai entend son petit voisin Abbas égrener son alphabet à longueur de journée. Il n’y a pas de raison, elle aussi ira en classe pour apprendre des histoires ! Encore faut-il trouver l’argent nécessaire à l’achat du cahier et échapper aux garçons qui jouent à la guerre sur le chemin de l’école. Intrépide, Bakhtai tentera le tout pour le tout pour atteindre son but avant la fin de la journée.
Notre avis : Pour sa première réalisation, Hana Makhmalbaf, plus jeune fille du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf, filme à hauteur d’enfant les affres de l’après-Taliban en Afghanistan. Ici, les enfants occupent tout l’espace tandis que les adultes sont soit absents, soit relégués au rôle d’observateurs. Le propos de la réalisatrice est en effet de scruter la génération de demain. Ces enfants qui aujourd’hui jouent à lapider les petites filles et à se battre contre les Américains parviendront-ils un jour à retourner à une vie normale ? Car en dépit du départ des Talibans, on sent ici qu’un rien pourrait tout faire basculer et le "jeu" vite tourner au drame.
En contrepoint de ces figures menaçantes, toutefois, le visage de la petite Bakhtai illumine l’écran. Ce visage poupin, toujours prompt à laisser pointer un petit bout de langue rose, contribue à souligner encore plus l’incongruité de la situation. Or, faisant preuve d’un sang-froid rare, la petite fille refuse non seulement de se plier à la règle des garçons, mais également de considérer tout cela autrement que comme un jeu et de se laissant gagner par la terreur. Elle ne cèdera qu’en toute fin, acceptant, alors qu’il n’y a plus d’autre issue, de faire la morte pour vivre. C’est l’une des thèses du film, à savoir qu’il faut parfois plier pour retrouver sa liberté. Un autre message nous est délivré par la bouche même de Bakhtai, expliquant à son voisin qu’on ne lui a, au final, rien appris. Ce qu’elle sait, elle l’a découvert toute seule. Et en effet, au cours de cette folle journée, la petite fille n’aura pu compter que sur elle-même. À défaut d’histoires, elle aura appris une leçon de vie. Pourtant, impressionnante de détermination durant le temps de sa quête, alors qu’elle touche enfin au but, Bakhtai sème la panique en classe en déguisant ses camarades avec le tube de rouge à lèvres apporté pour servir de stylo. Et tandis que le rouge à lèvres retrouve sa fonction première, celle du plaisir, on voit Bakhtai pour la première fois en phase avec l’insouciance de son âge dont elle semblait jusque là privée.
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Norman06 29 avril 2009
Le cahier
Sensible et délicate, cette allégorie confirme la réussite du thème de l’enfant dans le cinéma iranien. Kiarostami et Panahi avaient certes placé la barre plus haut mais la jeune réalisatrice ne démérite pas et révèle un cas presque unique de 7e art en famille.