Le 3 août 2017
Last Chance U confirme qu’elle est une œuvre documentaire indispensable pour les curieux du football américain, de sa place dans la société et chez certains de ses individus. Même plus, elle réitère l’exploit d’être également une série de personnages de grande qualité.
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : Netflix
- Date de sortie : 21 juillet 2017
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Résumé : Des jeunes en difficulté scolaire et sociale cherchent un moyen de s’en sortir sur le terrain de football américain et sur les bancs de l’Université East Mississippi Community College.
Notre avis : Reprendre l’exact concept du joli succès Netflix de 2016 pour le décliner dans une seconde saison amenait des interrogations quant au renouvellement du propos d’une série qui avait déjà plus ou moins tout dit en matière de place du football américain dans la société des USA, et d’une manière d’autant plus pertinente que très humaine. Fait étonnant et au combien malin, c’est par l’admission de l’existence de la saison 1 que s’amorce ce renouveau. Avant le début du tournage de cette deuxième année à l’EMCC (East Mississippi Community College) tout le monde a déjà pu visionner la première, dont les principaux intéressés, ô combien critiques envers eux-mêmes lorsqu’ils détiennent le recul nécessaire offert entre la télé et leur fesse sur une chaise (ou un canapé, on s’en fout, là n’est pas le propos). En ligne de mire de ce questionnement interne, le coach des Lions, Buddy Stephens, pas tendre devant sa prestation, et désireux de changer de comportement pour le bien d’un peu tout le monde, y compris de sa gorge. Pourtant, bien que dur et marqué par son dérapage de fin de saison, son comportement n’avait jamais flirté avec l’impression tyrannique qu’on veut bien lui prêter maintes et maintes fois, à la télé, à la radio, ou sur le stade. Un jugement cependant revu en considération après ces 8 nouveaux épisodes.
- Copyright : Netflix
Car Last Chance U 2016 posait des bases, que l’on était malgré nous contraint de prendre comme acquises, sans tellement remettre en question le fondement de ces dernières (alors que les innombrables fuck et autres pétages de plomb de Buddy auraient pu nous mettre sur la voie), tandis que Last Chance U 2017 les questionne grandement par l’apport d’une meilleure diversité de point de vue. Passionnant de bout en bout, l’épisode 6 se hisse comme l’exemple le plus clair de cette volonté en suivant l’équipe adverse de la semaine des Lions, en parallèle des méthodes d’entraînement de Buddy Stephens. Défaites sur défaites mais grande passion à jouer et marquer d’un côté, victoires sur victoires mais militarisation du sport pour le scoring de l’autre créent ce contraste saisissant grâce au très bon découpage de la série. Oui, malgré sa cure anti-fuck, le coach des Lions ne change que très peu au cours de cette année, voire devient un personnage aussi indiscernable et infernal qu’un Terence Fletcher. Passant sans grande transition d’un moment haineux envers ses joueurs à un moment de congratulations pour ces mêmes-là, Buddy, même en jouant cartes sur table concernant ses priorités (la victoire écrasante avant les hommes qui la font), se dessine avec une personnalité incohérente et plutôt antipathique. La saison 1 avait su amortir l’autorité excessive de ses interventions par la focalisation sur son personnage, mais la tendance bénéfique à la série d’accroître encore la multiplicité de point de vue présente par conséquent un contrepoids bienvenue à ce qui ne sautait pas forcément aux yeux auparavant.
- Copyright : Netflix
Presque tout semble concorder dans ce sens, plus que jamais : les anciens joueurs s’y mettent, la conseillère d’orientation aussi, ainsi qu’évidemment les joueurs actuels, l’occasion de découvrir une nouvelle fois une galerie de personnages forgés différemment par des expériences uniques. Si la série se prête moins au jeu de l’étude sociale, on profite toujours autant de l’écriture complète et plus omnisciente que jamais, confrontant les points de vue de chacun. Moins subtile dans le portrait réalisé de ces jeunes (à imputer également au caractère de ces élèves), Last Chance U ajoute du sensationnalisme et grossit certains traits pour un attrait un peu superficiel (les bousculades de caméras clichés, plutôt fréquente), sans toutefois perdre son assiduité à créer de l’empathie pour des personnalités parfois difficiles. Très pédagogique dans son approche portée par les propos de Britanny Wagner (voire un peu laxiste, à chacun de juger), la série s’attaque encore une fois à quelques caractériels entêtés et persévérants dans la connerie comme Kam ou Isiaih, sans jamais transmettre une idée de négativité persistante à travers les épisodes (ce n’est pas faute d’essayer de la part des deux joueurs). La négativité, plus précisément l’amertume, se ressent plutôt vis-à-vis de ce final, au bilan bien plus mitigé que celui de la première saison malgré un meilleur parcours en championnat. Plus succincte car dévoilant une période de temps plus large comparé à l’année 2015, Last Chance U 2017 n’en a pour autant aucunement amoindri sa force immersive et attachante, si bien que sa conclusion, dont la qualité n’est certainement pas à remettre en cause, va à l’encontre de l’idée de la seconde chance offerte par EMCC. Avec son regard lucide, la série délivre un constat désolant applicable à toute société occidentale : le travail ne paye pas toujours.
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