Le 9 février 2023
Dans le milieu du cinéma des années de guerre, deux professionnels résistent chacun à sa manière. Une œuvre feuilletonesque et soignée qui rend hommage au cinéma français sous l’Occupation, signée d’un passionné : Bertrand Tavernier.


- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Olivier Gourmet, Marie Gillain, Denis Podalydès, Pierre Berriau, Jacques Gamblin, Valérie Baurens, Philippe Morier-Genoud, Serge Riaboukine, Liliane Rovère, Henri Attal, Antoine Coesens, Ged Marlon, Jean-Michel Noirey, Tania Torrens, Daniel Langlet, Jacques Boudet, Götz Burger, Charlotte Kady, Jean-Paul Comart, Philippe Duclos, Bruno Raffaelli, Lara Guirao, Tonio Descanvelle, Didier Sauvegrain, Gilles Gaston-Dreyfus, Sébastien Thiéry, Marie Desgranges , Maria Pitattesi , Christophe Odent, Laurent Schilling
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films, Tamasa Distribution
- Durée : 2h52mn
- Reprise: 15 février 2023
- Date de sortie : 9 janvier 2002

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– Reprise en version restaurée : 15 avril 2022
Résumé : Paris, 1942 : Jean Devaivre (Jacques Gamblin), assistant réalisateur, tout en travaillant pour la "Continental", société allemande qui produit des films français, profite de cette activité officielle pour poursuivre des activités de résistance. Jean Aurenche (Denis Podalydès), scénariste reconnu, adopte une position passive et refuse tout compromis avec les producteurs allemands.
Critique : Bertrand Tavernier, avec l’appui de Jean Cosmos, fidèle collaborateur de ses films historiques depuis La vie et rien d’autre (1989), propose une fresque qui est aussi un hommage aux professionnels qui ont résisté au sein de l’activité cinématographique aux mains de l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour ce faire, il se base sur les mémoires de Jean Devaivre pour raconter à la manière d’un feuilleton les aventures croisées de deux hommes de cinéma qui ont réellement existé : celles de Jean Devaivre donc qui deviendra cinéaste après la guerre, et celles de Jean Aurenche, scénariste qui participa à de nombreux succès entre 1937 et 1989 (y compris pour Tavernier). Parfois associé à Pierre Bost pour l’écriture, il sera l’une des cibles des représentants de la Nouvelle Vague.
- © Tamasa Distribution
De ces deux manières bien différentes de résister, le récit foisonnant nous fait parcourir les plateaux de cinéma dans un Paris qui manque de tout : pellicule, nourriture, matières premières..
D’un côté, l’assistant réalisateur, un peu homme a tout faire, discret et serviable, qui court ou pédale sur son vieux vélo, semble exercer plusieurs métiers en même temps. De l’autre, Aurenche, dilettante et esthète, qui, valises à la main, navigue d’une maîtresse à une autre, écrit des séquences de cinéma audacieuses qui sont souvent refusées.
Mené tambour battant, le film, qui ne masque pas la dureté de l’époque, n’est pourtant jamais sombre, et même ne manque pas d’un humour sous-jacent grâce notamment aux maladresses de Devaivre et aux propos désabusés et ironiques de Aurenche.
Bertrand Tavernier, avec cette évocation sensible et respectueuse, nous replongeait ici dans les coulisses d’un cinéma qu’il vénérait et où l’on croise aussi par exemple les cinéastes Maurice Tourneur et Richard Pottier, ou encore le scénariste Charles Spaak et le futur réalisateur Jean-Paul Le Chanois.
Une reconstitution soignée qui rend un bel hommage aux professionnels du cinéma français à l’époque où il était aux affres de l’Occupation.
- © Tamasa Distribution