Le 9 novembre 2022
Malgré un sujet maintes fois répété au cinéma, les réalisateurs réussissent leur pari, grâce à une mise en scène maîtrisée et une palette de comédiens, professionnels et amateurs, efficaces et convaincants.
- Réalisateurs : Grand Corps Malade - Mehdi Idir
- Acteurs : Zita Hanrot, Antoine Reinartz, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Liam Pierron
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h51mn
- Date télé : 9 novembre 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 28 août 2019
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Résumé : Une année au coeur de l’école de la république, de la vie... et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur...
Critique : En abordant la vie au collège particulièrement en Seine-Saint-Denis, Grand Corps Malade et Mehdi Idir prenaient un risque. Celui de verser dans le déjà raconté mille fois au cinéma, de façon plus ou moins heureuse, ou de succomber à la démagogie sociale, celle qu’un certain cinéma des banlieues est parfois habitué à montrer. Naturellement, dès les premières séquences de cette rentrée scolaire, on pense au fameux Entre les murs qui, certes, ne privilégiait pas le point de vue d’une conseillère principale d’éducation, mais d’un professeur de français, et où Laurent Cantet était parvenu à décrire le sacerdoce du métier d’enseignant dans un lycée du 19ème arrondissement, réputé difficile. Mais, très vite, le propos se détache de sa préoccupation sociétale comme l’était le film de Cantet, pour se centrer sur le récit attachant de jeunes gens, souvent dissipés, dans une classe stigmatisée, et d’une équipe de professeurs, unis pour le meilleur et pour le pire. D’ailleurs, le générique ouvre le long métrage sur un cours de musique où l’on craint rapidement le stéréotype. D’abord parce que de nos jours, plus aucun professeur de musique n’entraîne ses élèves à la flûte à bec, ensuite parce que ce type de scènes a déjà été tourné de très nombreuses fois, et souvent dans des comédies potaches, ayant pour effet de ridiculiser le métier d’enseignant. En réalité, Grand Corps Malade et Mehdi Idir semblent s’engager sur le terrain de l’autofiction, comme si, derrière le récit de ces gamins tout autant attachants que provocateurs, les réalisateurs parlaient un peu de leur propre expérience à l’école.
- Copyright Laetitia Montalembert - Gaumont – Mandarin Production – Kallouche Cinéma
La vie scolaire est porté par deux comédiens absolument formidables : la très jolie Zita Hanrot qu’on était loin d’attendre dans le rôle d’une conseillère principale d’éducation, et le profane Liam Pierron, qui interprète un jeune gamin touchant et manifestement en difficulté, avec une telle grâce qui semble déjà annoncer une carrière prometteuse sur les écrans. Le scénario s’intéresse à ces deux personnages qui, en quelque sorte, entament un chemin initiatique. La première vient de quitter la province montagneuse et fait ses premiers pas dans un métier terriblement difficile, où il faut de l’autorité, de l’empathie, de la fermeté et de la douceur tout à la fois. Le second cherche ses marques et la manière dont il pourra demain trouver sa place dans la société. Les deux personnages se guettent, se surprennent, se séduisent aussi, et l’on sent chez eux, certes un souci de la vraisemblance dans le jeu des comédiens, mais sans doute une véritable affection entre eux, qui transpire tout le long du film. Grand Corps Malade et Mehdi Idir ont réussi le pari de faire un film où le bonheur et l’amour débordent de partout. On est loin de la vision réaliste et sordide du grand Tavernier avec Ça commence aujourd’hui. Ici, le projet est à la fois de montrer une certaine vision de la banlieue parisienne, ainsi que la nécessaire passion qu’il faut à ces professeurs pour assumer leur métier, et de donner à voir les possibilités d’amour au milieu de ces paysages urbains, souvent réduits par des clichés médiatiques.
- Copyright Laetitia Montalembert - Gaumont – Mandarin Production – Kallouche Cinéma
Autant dire que l’on rit, l’on pleure pendant ces presque deux heures. On finit même par s’attacher aux plus turbulents de ces élèves, dont on ne voit à la fin, non plus l’insolence, mais que des âmes d’enfants, plus ou moins bien éduqués, souvent pauvres, que le système scolaire tente de réhabiliter. Les réalisateurs font honneur au métier de professeur. Le choix scénaristique les pousse parfois à dresser des portraits assez caricaturaux, comme ceux du prof de sport ou de musique, mais force est de constater que la fiction fonctionne parfaitement bien. La vie scolaire est un film générationnel qui permettra à beaucoup de jeunes de s’identifier à ces récits de vie scolaire. Il y a beaucoup de dignité dans la façon de filmer les personnages de cette histoire, et l’on retrouve, non sans plaisir, la tendresse avec laquelle le cinéaste et chanteur avait raconté son propre passage en centre de rééducation dans son film Patients. Bien sûr, ce nouveau film n’a pas toute la profondeur et la beauté du premier, mais il faudrait être bien sévère pour ne pas y trouver un petit bout de bonheur.
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Et puis, ce qui est certain, c’est que derrière ce film, on retrouve le musicien et poète Grand Corps Malade dont on ne se lasse pas un seul instant des chansons et intermèdes musicaux qui accompagnent son récit.
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