La vie à l’envers - Alain Jessua - critique

Critique : Misanthrope et désabusé, Jacques va peu à peu s’extraire de la vie normale et basculer le jour même de son mariage. Dès les premières scènes, on sent que quelque chose cloche : il ne croit à rien, fréquente les autres sans affect et méprise aussi sa profession qui ne lui fait, selon lui, que côtoyer des imbéciles. Également narrateur du récit, Jacques nous fait vivre sa lente descente qui l’isole d’abord du monde extérieur, puis de son entourage.

Alain Jessua, qui réalisait ici son premier long métrage, dont il avait également écrit le scénario, faisait preuve d’une belle maîtrise sur un sujet difficile et plutôt novateur à l’époque : l’aliénation de la société de consommation. De plus, son film, tourné en décors réels à l’instar de ceux de la Nouvelle Vague, renforce la crédibilité de cette chronique d’une folie annoncée.

Il a aussi eu la bonne idée de confier le rôle principal à Charles Denner, totalement exceptionnel pour incarner ce délicat personnage que l’on aurait peut-être détesté avec un acteur moins charismatique, dans un rôle qui semble taillé pour lui : autant nerveux et fiévreux que séducteur et cultivé, il fascine avec sa voix métallique inimitable.
C’était la deuxième fois qu’il se voyait confier un rôle principal après avec été le formidable Landru de Claude Chabrol (1962), où il jouait déjà un personnage peu sympathique !

Ce cinéaste, par ailleurs peu prolifique, aura constamment le souci de proposer des rôles détonants à ses acteurs principaux : après Charles Denner, il y aura, entre autres dans ses films suivants, Jean-Pierre Cassel, Alain Delon ou encore Gérard Depardieu et Patrick Dewaere.