Le 25 juillet 2023
Mêlant avec habileté onirisme, chronique familiale et drame rural, ce premier long métrage d’une réalisatrice chilienne ne démérite pas.
- Réalisateur : Francisca Alegría
- Acteurs : Leonor Varela, Alfredo Castro, Marcial Tagle, Mía Maestro, Enzo Ferrada Rosati
- Genre : Drame, Fantastique, Film animalier
- Nationalité : Américain, Français, Allemand, Chilien
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 1h38mn
- Titre original : La vaca que cantó una canción sobre el futuro
- Date de sortie : 26 juillet 2023
- Festival : Festival de Sundance 2022
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Résumé : Cecilia, chirurgienne à la ville, doit revenir précipitamment avec ses deux enfants à la ferme familiale où vivent son père et son frère dans le sud du Chili. Au même moment, des poissons ainsi que des dizaines de vaches sont frappés d’un mal mortel, tandis que la mère de Cecilia, disparue depuis plusieurs années, réapparaît.
Critique : La vache qui chantait le futur (La vaca que cantó una canción sobre el futuro en VO) convoquera plusieurs souvenirs chez le cinéphile attentif. Une femme hagarde erre dans la forêt, semblant chercher un refuge, en écho à Black Moon. Un fantôme perturbe une personne venue rejoindre un endroit isolé, avant de la révéler à elle-même, comme dans L’aventure de Madame Muir. Des bêtes succombent à une étrange maladie, rappelant Petit paysan. Des industriels cupides sont à l’origine d’une pollution mortelle, tels ceux de Dark Waters. Un suspense rural en mode nocturne fait songer à As bestas. L’écosystème et l’être humain communiquent dans leurs souffrances communes, à l’instar du récent El agua. On pourrait multiplier les références implicites, non citées par la réalisatrice, qui n’en révèle pas moins un talent indéniable. Diplômée en scénarisation et réalisation à l’université de Columbia, Francisca Alegría signe ici son premier long métrage, après plusieurs courts remarqués. La vache qui chantait le futur a été présenté au Festival de Sundance 2022.
- © 2023 Nour Films. Tous droits réservés.
Le récit n’est pas de tout repos, avec les déboires de Cecilia, chirurgienne contrainte de partir quelque temps à la campagne chez son père, dont plusieurs signes suggèrent qu’il perd progressivement la raison. Le vieil homme est en effet persuadé d’avoir aperçu son épouse, pourtant morte dans des conditions tragiques il y a bien des années. Mais quand son frère, son fils, la domestique et elle-même sont confrontées à la même vision, les certitudes de Cecilia s’ébranlent. Le récit est influencé par des préoccupations personnelles de la réalisatrice, qui précise dans la note d’intention : « En pensant à ces poissons, je me suis demandé s’ils savaient que quelque chose n’allait pas avant de mourir. Je me suis demandé s’ils avaient ressenti de la peur pendant leur agonie et s’ils imaginaient un au-delà. Un système de croyances est en train de s’effondrer et d’atteindre l’état d’agonie dans lequel se trouve notre Terre-mère depuis longtemps... Nous souffrons tous ensemble maintenant, et je souhaiterais que nous soyons plus conscients, plus empathiques et plus disposés à écouter. Les personnages, en particulier celui de Cecilia, sont confrontés à de vieilles blessures dans ce lieu où vivent les vaches, les bonnes Mères, contraintes d’entrer dans un système qui les sépare de leurs enfants. Les vaches sont devenues le corps exploité du féminin, de la maternité, de l’abondance de la Terre ».
- © 2023 Nour Films. Tous droits réservés.
Le résultat est honorable, et la cinéaste se tire plutôt bien d’une trame casse-gueule. Mêlant avec habileté onirisme et réalisme rural, elle propose une chronique familiale attachante et prenante, qui a le mérite de la concision et de la limpidité, trouvant un équilibre entre efficacité narrative et suggestion poétique. Dommage que la réalisatrice cède un peu trop aux sirènes de l’air du temps, souhaitant cocher toutes les cases du film politiquement correct, avec manifestants écologistes dénonçant les outrages faits à la nature, fils adolescent souhaitant changer de sexe, et pères de famille forcément coupables de domination patriarcale. Francisca Alegría a un véritable talent de conteuse et sait manier une caméra, il lui reste à sortir de certains sentiers battus pour affirmer une proposition de cinéma réellement novatrice.
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