Le 4 mai 2015
Un véritable cri d’espoir pour la jeunesse, de Chine et d’ailleurs, incitant cette dernière à ne pas abandonner ses rêves.
- Réalisateur : Huilong Yang
- Acteurs : Kailing Tang, Yao Shu, Daotie Wang
- Genre : Drame
- Nationalité : Chinois
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Tang Jia Lang
- Date de sortie : 6 mai 2015
L'a vu
Veut le voir
Premier long-métrage du réalisateur chinois Huilong Yang, La Tribu des fourmis est un véritable cri d’espoir pour la jeunesse, de Chine et d’ailleurs, incitant cette dernière à ne pas abandonner ses rêves. Le sujet, alarmant, est traité avec sobriété et maîtrise, mais non sans éclats de fougue dans la mise en scène.
L’argument : Tang Jia Ling est un village en banlieue de Beijing. Des milliers de travailleurs sans résidence s’y installent, attirés par les loyers abordables. On les surnomme "La Tribu des Fourmis". Au travers de leur vécu, leurs amours et les doutes sur leur avenir, nous découvrons la face cachée de la croissance chinoise.
Notre avis : Dans un juste milieu stimulant entre la vivacité d’un style documentaire et une certaine esthétique de l’image, aux compositions recherchées et aux couleurs travaillées, La Tribu des fourmis nous invite à voir l’envers du décor dans un pays où la course à la croissance économique a réduit une frange de sa population urbaine à la précarité. Etudiants, ouvriers, diplômés ne réussissant pas à trouver d’emploi ou encore retraités peuplent ces quartiers en lointaine banlieue de Beijing, et tous voient leurs logements précaires, souvent insalubres - qu’ils pensaient provisoires - devenir des lieux de résidence permanents. Les cadrages serrés expriment d’emblée au spectateur l’étroitesse des bâtiments, dans lesquels semblent piégés les personnages, tout en permettant au réalisateur d’insister sur la solidarité qui émerge entre les individus confrontés à ce mode de vie.
© Jupiter Films
Le spectateur voit rapidement apparaître un trio de personnages attachants dans leur volonté de s’en sortir, de s’accrocher à la réalisation de ce à quoi ils aspirent. Trois jeunes, trois amis, deux garçons - interprétés par Yao Shu et Daotie Wang -, une fille - interprétée par Kailing Tang -, tous se trouvant à la fin de leur parcours universitaire, prêts à trouver un emploi. Malgré leurs diplômes, rien n’est moins simple. Huilong Yang s’attache à montrer l’évolution de ces trois personnages, tous confrontés au même horizon sans perspectives mais chacun tentant de trouver sa propre solution, avec ou contre les deux autres. Traitant de l’amitié, de l’amour, et plus largement des relations humaines mises à l’épreuve de ces conditions de vie difficiles où la promiscuité rend toute intimité presque impossible, La Tribu des fourmis offre un portrait touchant de la jeunesse chinoise, incertaine de son avenir mais gardant malgré tout espoir en l’accomplissement de ses rêves.
© Jupiter Films
Jouant sur plusieurs échelles, La Tribu des fourmis s’intéresse autant à la communauté peuplant ces quartiers qu’à la misère psychologique ressentie par l’individu. Entre harcèlements, humiliations constantes et simple désespoir – qui trouve son apogée lors d’une scène saisissante où l’un des deux jeunes hommes se retrouve seul sur les toits, ne trouvant de libération que par un chant témoignant de son aliénation hors de la société – les attentes des individus sont constamment mises à mal et les jeunes acteurs parviennent à livrer une interprétation sincère, jamais surfaite, de personnages aux prises avec les frustrations et les désillusions.
© Jupiter Films
De ce quotidien morose naissent tout de même des moments de joie et de griserie apportant une légèreté au film, des envols qui semblent symboliser autant de vibrants messages d’espoir adressés par le réalisateur. On retiendra par exemple ici la scène quelque peu burlesque où la protagoniste, étudiante en stylisme, danse dans la robe à laquelle elle vient d’apporter la touche finale, entraînant à sa suite une joyeuse farandole de voisins, dans les couloirs exigus son immeuble. La scène rouge de la fin du film, remarquable, atteste encore une fois des talents de metteur en scène de Huilong Yang tout comme de sa préoccupation constante de l’image. L’abstraction vers laquelle tend cette scène finale, empreinte d’une grâce solennelle, marque l’avènement d’un réalisateur à la fois ambitieux et sensible aux luttes de sa génération, que nous ne manquerons pas de suivre dans les années à venir.
© Jupiter Films
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.