Critique : C’est l’enfance qui ouvre le bal dans La Souterraine, à travers le regard dansant sur la vie de la petite Eléonore : elle aime ses parents qui se détestent chaque jour davantage. Cette fausse note ne lui échappe pas. Il est évident que nos chérubins sont au premier rang lorsqu’un mariage tourne au drame. Eléonore a aussi un grand frère. Mais ce qu’il y a d’étonnant sous la plume gracile de Sophie Marceau, c’est la communion entre la fillette et la nature prête à lui porter secours. Une fusion unique semble les réunir et elle est dépeinte grâce à une écriture qui se veut souvent simple, parfois recherchée, jamais amphigourique.

Nous passons ensuite à des expériences d’adultes, au malaise éprouvé sur un tournage où l’on mate autant que l’on filme notre jeune narratrice obligée de se dénuder, tout du moins en partie. Sa gêne est réelle. Mais les années de tournage qui suivront rendront cet exercice presque routinier. C’est ainsi qu’elle ressent les choses lorsque la jeune et sublime Louise, vingt ans après, lui soumet un scénario. Sophie Marceau écrit ceci : "J’ai appris à jouer de la lumière et de l’apparence sur des écrans 3D plats comme des soles. Mon corps se dématérialise . Je suis Neo que les balles traversent. Je n’ai aucun mérite, c’est le cinéma qui fait tout ça."

Le lecteur traverse différents âges de la vie en parcourant treize histoires qui mettent les femmes à l’honneur ; des histoires se font écho, mais avec leur propre singularité. Sophie Marceau sème aussi à l’envi des poèmes surprenants (sept pour être précis : le chiffre parfait, est-ce un hasard ?). On n’en dira pas davantage, ce serait comme spoiler un bon film. L’actrice confirme ici son talent pour l’écriture autre que scénaristique. Rappelons qu’il s’agit de son deuxième ouvrage après Menteuse (Stock, 1996).