Son prénom croustillant fleure le sucre et le chocolat du palais de Dame Tartine. Mais Dame Cookie préfère les potages d’un genre plus toxique, dépourvus de toute exhalaison suave. Manque en particulier celle de la fleur d’oranger dont Marie, mère d’une enfant illégitime, n’a jamais été couronnée. Dès la naissance de Bernard, elle s’ingénie à regagner sa respectabilité perdue. Racheter sa faute en étant la meilleure couturière à la ronde, corsetée dans une dignité de fer qu’elle impose à son fils qu’elle veut parfait.
Cinquante ans plus tard, les remugles de la castration continuent à flotter dans le pavillon de la banlieue parisienne où le "couple" a passé sa vie. Le brouet mille fois réchauffé a pris un goût de plus en plus amer pour Bernard, aide-soignant dévoué, fier de son métier qui est toute sa vie. Pour le solde, l’amour en particulier, le ratage est intégral. Reste la soupière, trônant sur le manteau de la cheminée, qu’il apostrophe en triant les pièces de son puzzle du Matterhorn.
D’une écriture allègre, en parfait décalage avec la noirceur de son propos, Cookie Allez touille sa soupe à la frustration, l’épaissit d’une grosse dose de ressentiments, laisse planer un suspense nauséabond entretenu par les ragots du voisinage, et nous mène par le bout du nez vers un dénouement à l’horreur implacable et (im)prévisible. Bon appétit !