Le 24 février 2020
Une comédie de Billy Wilder dans le plus pur style Lubitsch, qui s’appuie sur un contexte historique réaliste : celui du Berlin de l’après-guerre.
- Réalisateur : Billy Wilder
- Acteurs : Marlene Dietrich, Millard Mitchell, Jean Arthur, John Lund, Stanley Prager
- Genre : Comédie, Drame, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h56mn
- Titre original : A Foreign Affair
- Date de sortie : 22 avril 1949
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Résumé : Un avion transportant une délégation d’élus du Congrès américain survole le Berlin bombardé de l’après-guerre avant d’atterrir. Un membre de cette délégation est la représentante de l’Iowa, la stricte et austère Phoebe Frost (Jean Arthur). Ils sont accueillis sur le tarmac par une troupe de militaires dirigée par le colonel Plummer (Millard Mitchell). Phoebe Frost doit remettre un cadeau à l’un des officiers, le capitaine John Pringle (John Lund) de la part de sa fiancée de l’Iowa, un gâteau d’anniversaire au chocolat.
Critique : En 1948, une représentante du Congrès américain arrive à Berlin au sein d’une délégation, pour remonter le moral des troupes américaines. Billy Wilder propose avec ce film une œuvre dans le plus pur style Lubitsch, son modèle pour qui il fut scénariste. Il nous conte, avec drôlerie et malice, une petite histoire ancrée dans la grande. Dès les premières images, on sait que l’on est dans une comédie, et l’on est fixé sur le caractère des personnages. Phoebe Frost est une maniaque de l’ordre. Une exceptionnelle scène muette la voit sanglée dans un costume strict, elle range ses affaires avec un rituel précis : chaque objet, l’un après l’autre, sera placé dans une housse, elle-même mise dans une pochette qui finira dans son sac. On sait aussi tout de suite que le capitaine Pringle, sous couvert de rigueur militaire, s’adonne sans scrupules au marché noir. Bien que chargé de dénazification (sic), il a une liaison avec l’ancienne compagne d’un dignitaire nazi, Erika von Schlütov (Marlene Dietrich).
Derrière une réalité historique dramatique, la reprise en main de l’Allemagne par les Alliés, on assiste à une comédie fondée sur le classique triangle amoureux, qui pourtant ne traite pas le sujet de fond avec légèreté. Les Allemands dans la misère se livrent au marché noir, les soldats de toutes nationalités s’ennuient, essaient de séduire les jeunes Allemandes et se saoulent le soir dans un cabaret improvisé, en payant leurs verres avec des paquets de cigarettes. Les rues de Berlin, parmi les ruines, permettent tout juste le passage d’un véhicule. Erika von Schlütov, qui est passée de grande bourgeoise à chanteuse de beuglant, vit dans un appartement dévasté par les bombes, et se réjouit plus de recevoir comme cadeau un matelas
- même d’occasion - plutôt qu’une paire de bas.
Il est quand même assez extraordinaire et culotté d’avoir choisi Marlene Dietrich pour jouer l’ex-compagne d’un dignitaire nazi (rôle qu’elle n’aurait accepté que pour des raisons alimentaires, paraît-il), elle qui a fui l’Allemagne et combattu le nazisme dès le début des années 30. Et en même temps, c’est un rôle taillé à sa mesure : elle chante réellement trois chansons dans le cabaret à soldats, parée de robes sublimes (dues à sa costumière personnelle, Edith Head) et superbement éclairée par Charles B. Lang Jr, déjà responsable de l’extraordinaire lumière qui la nimbait dans Ange (Angel d’Ernst Lubitsch 1937). C’est là que le cinéma transcende la réalité, à partir de scènes totalement improbables, mais tellement géniales que paradoxalement elles ne choquent pas dans l’ensemble.
Ses rapports, pleins de sous-entendus avec le capitaine Pringle, sont un véritable régal. Le contrepoint amené par le personnage de la rigoureuse représentante du Congrès, interprété par Jean Arthur, donne quelques scènes quasi réalistes entre les deux femmes, et d’un niveau dramatique incroyable dans un film de comédie.
Il ne faut pas non plus oublier le colonel Plummer interprété par Millard Mitchell (vu dans de nombreux seconds rôles de western), qui, sans oublier son statut hautement politique, va jouer les marieuses !
Ce modèle de scénario (Billy Wilder, Charles Brackety et Richard L Breen) permet au réalisateur de mettre en scène une éblouissante comédie quasi parfaite. Même plus : parfaite !
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