La Rose noire - la critique + le test DVD

Si l’on est de bonne humeur, on peut s’amuser du regard hollywoodien sur l’histoire et la géographie, mais La Rose noire est loin des flamboyantes réussites du genre.

L’argument : Au XIXème siècle, Walter de Gurnie, noble saxon, tente de se révolter contre les normands qui occupent sa région natale. Mais, contraint par les événements à devenir hors-la-loi, il part en Terre Sainte en compagnie de son ami Tristan. Tous deux se rallient à Bayran, un seigneur de la guerre mongol. Peu de temps après, ils recueillent Maryam, une jeune femme surnommée la Rose Noire, qui s’est enfuie du Harem de Bayan.

Notre avis : Nous avons de la considération pour Henry Hathaway. Grâce à quelques perles, comme Peter Ibbetson, Niagara ou la plupart de ses westerns, il a conquis une place dans le panthéon cinéphilique. Ces précautions posées, il faut avouer que La Rose noire n’est pas de ce niveau. La faute sans doute à un scénario balourd qui fait de Tyrone Power un ersatz de Marco Polo. Les péripéties ne sont guère palpitantes et les événements, prévisibles, manquent de tension dramatique. Hathaway semble s’en désintéresser en expédiant de nombreux passages, voire en les éludant comme il le fait pour les deux voyages. Quant à la vision de la Chine, elle comporte son lot de clichés qui peuvent amuser si l’on est adepte du regard décalé.
Pas de chance non plus avec la distribution : Orson Welles fait de la figuration, Cécile Aubry est insupportable en femme-enfant. Heureusement, les seconds rôles, Michael Rennie, Jack Hawkins ou Robert Blake, apportent ce supplément d’âme qui fait tant défaut au film. Tyrone Power, en héros noble et courageux, manque de flamboyance et son jeu paraît souvent bien limité.

Il y a certes quelques morceaux de bravoure, comme le supplice de la corde ou les cavalcades, mais Hathaway se contente la plupart du temps d’une mise en scène fonctionnelle. À ce titre les interminables bavardages en champ/contre-champ sont particulièrement pénibles, surtout dans la première partie qui déjoue toute velléité d’action. Bref, cette aventure initiatique, dans laquelle le héros découvre le monde et l’amour, se voit sans passion, comme le témoignage d’une époque révolue où les cinéastes enchainaient les films en soignant ceux qui leur tenaient à cœur.

Les suppléments :
0
Comme pour tous les films de la collection, même pas une bande-annonce.

L’image :

Sans remasterisation, l’image dépend de la copie utilisée. Elle est ici très inégale : certains passages cumulent les parasites (fourmillements, points blancs, manque de stabilité), les scènes nocturnes en particulier. D’autres sont mieux préservés. La couleur, là encore selon les séquences, passe du fade au correct. Mais d’une manière générale, la copie ne rend pas justice au technicolor d’origine.

Le son :

Comme pour l’image, on note des variations pendant la lecture. Mais malgré un léger souffle intermittent et de rares stridences dans les passages orchestraux, le son est assez propre et les voix, claires, conservent de la présence. Des deux versions proposées, VO ou VF, toutes deux en mono, la première s’en tire mieux.