La peur du mal - La chronique BD

Offrir les élucubrations infantilo-sadique de Jampur Fraize à votre enfant comme cadeau de Noël : en voilà, une bien mauvaise idée... A moins que vous soyez de ceux qui adorent réconforter ses nuits blanches et répondre à ses questions débiles du genre : "Et la petite souris, elle va me manger les pieds ?".

Jampur Fraize, qui en matière de mauvais goût et d’humour bête et méchant en connaît un rayon, passe à la moulinette tous les personnages types de l’imagerie enfantine : le marchand de sable, Casimir, le clown triste (et donc suicidaire), Oui-oui... Soit l’univers merveilleux et sans tache de l’enfance la plus aseptisée revisitée de manière trash par un joyeux luron adepte de l’humour décalé et dérisoire.

La peur du mal, c’est 59 pages délirantes d’histoires courtes, de fausses affiches de films, pochettes de disques et couvertures de magazines imaginaires (dont le fabuleux Mange ta soupe, le journal des enfants punis). Le contraste entre la naïveté du fond, la beauté chatoyante des couleurs (sans doute destinées à réveiller l’enfant qui sommeille en nous) tranche odieusement avec le caractère outrancier et sordide des situations (pour le monstre tapi en nous).

A l’heure où l’enfant roi a tous les droits, Jampur Fraize vient rappeler qu’on a le droit de rire de tout, même des plus petits ! Gniak ! Bien fait pour les morveux.