Le 1er juin 2017
Un documentaire émouvant, qui réhabilite le geste héroïque d’une passeuse et donne la parole à l’enfant qu’elle sauva pendant la seconde guerre mondiale.
- Réalisateur : Michaël Prazan
- Genre : Documentaire
- Durée : 1h20min
- Chaîne de TV : ARTE
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– Diffusion sur Arte, le 13 juin à 22h15
– Sortie DVD : le 13 juin 2017
Résumé : Bernard Prazan, a été un enfant caché. Ses parents ont été arrêtés au cours des premières rafles qui ciblaient les Juifs étrangers. Une passeuse, Thérèse Léopold, devait conduire l’enfant alors âgé de 7 ans accompagné de sa soeur de 5 ans des Aubrais vers la zone dite "libre". Lorsqu’elle est venue les chercher, elle était accompagnée d’un homme : Pierre Lussac, l’un des collaborateurs les plus actifs de la région d’Orléans. Du haut de ses 7 ans, Bernard Prazan comprend alors que la passeuse était sur le point de les livrer à la Gestapo. Puis qu’elle s’est ravisée. Michaël, son fils, a retrouvé et filmé cette femme qui était encore en vie et qui a confirmé cette histoire.
Notre avis : Ce passionnant documentaire, réalisé par Michaël Prazan, notamment connu pour le terrible film Einsatzgruppen, les commandos de la mort, est le récit d’une histoire familiale et d’un drame que le réalisateur semble porter dans sa chair : la déportation, puis la mort de ses grand-parents, et par ricochet, la terrible errance imposée à son père, Bernard. C’est de ce dernier dont il est question dans cette oeuvre : à travers un entretien mené dans les locaux de l’INA, l’homme raconte comment il est parvenu en zone libre, avec sa soeur. Il était alors âgé de sept ans. Une passeuse, nommée Thérèse Léopold, d’abord tentée de remettre les enfants aux autorités allemandes, a finalement renoncé. C’est sur cette ambiguïté et sur la proximité de Thérèse avec le collaborationniste Pierre Lussac que repose tout l’intérêt de ce documentaire, en dehors évidemment de l’émotion qu’il génère, de ce drame vécu par cette famille comme par des millions de juifs, victimes de la barbarie nazie.
Bernard Prazan se remémore sa difficile enfance avec une pudeur et une précision tout à fait remarquables, notamment lorsqu’il analyse le contexte des événements qui se sont acharnés sur sa jeune existence. Arraché à ses parents, l’enfant erre de familles d’accueil en familles d’accueil, caché dans le Limousin et les Pyrénées-Orientales, puis il est recueilli par l’Oeuvre de secours aux enfants, comme tant d’orphelins de l’après-guerre. Sa soeur et lui ne grandissent pas ensemble. Elle fera sa vie aux Etats-Unis, il vivra son existence d’adulte à Paris, deviendra un galeriste d’art renommé, après avoir travaillé dans l’industrie textile.
Le témoignage de Thérèse Léopold offre un contrepoint tout à fait intéressant et émouvant à celui de Prazan, dont les paroles demeurent sceptiques sur les véritables motivations de celle qui lui a sauvé la vie. Or, il s’avère que l’enquête menée par son fils Michaël, valide en tous points les éléments d’entretien confiés par la vieille femme, à la fois étonnante et vive, émue des décennies après, en racontant l’histoire de ces deux enfants livrés à l’abandon.
Au terme de ce film, une question demeure : pourquoi Bernard Prazan ne rend-il pas un hommage net, dégagé de toute suspicion, à cette femme qui, un instant, hésita ? Peut-être parce que justement, en une fraction de secondes, le jeune enfant avait senti que le destin aurait pu basculer d’un côté ou de l’autre. Et il ne l’a jamais oublié.
Le vieil homme a emporté son secret dans la tombe. A travers lui, le documentaire sonde aussi les abîmes de la complexité humaine.
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