Le 29 septembre 2019
Le dernier rôle de Romy Schneider au cinéma, dans un film généreux, mais plombé par une mise en scène académique.
- Réalisateur : Jacques Rouffio
- Acteurs : Michel Piccoli, Romy Schneider, Maria Schell, Gérard Klein, Mathieu Carrière, Véronique Silver, Helmut Griem, Jacques Martin
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Les Acacias, Parafrance
- Durée : 1h56min
- Date télé : 9 mai 2022 20:50
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 14 avril 1982
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Paris, 1981. Max Baumstein, la soixantaine, président du Mouvement de Solidarité internationale, abat froidement un vieil homme, Frédéric Lego, ambassadeur du Paraguay. Il se constitue prisonnier et commence à raconter à sa jeune épouse Lina, ignorant tout de son passé, les raisons de son geste.
Critique : Tout, dans ce film, ramène à la figure tragique de Romy Schneider : d’abord, parce que cette dernière imposa ce projet, adapté d’un roman de Joseph Kessel, pour exorciser le passé d’une mère qui fut l’amie intime d’Adolf Hitler. L’actrice choisit son partenaire, Michel Piccoli, avec qui, évidemment, elle avait tourné sous la direction de Claude Sautet. Elle convainquit également le réalisateur Jacques Rouffio, alors connu pour ses films acerbes comme Le sucre. Ensuite, les terribles circonstances d’une vie déjà tumultueuse accablèrent la comédienne, en plein tournage : d’abord une opération consécutive à un début de cancer, puis la mort accidentelle de son fils David. Ce contexte très difficile parasite la réception du long métrage, en même temps qu’il charge d’une dimension crépusculaire la prestation de Romy Schneider, décédée quelques mois après la sortie de cette œuvre. Dès sa première apparition, échevelée dans un aéroport où elle retrouve son amant Max Baumstein, Lina recherche une étreinte à laquelle on donne, selon une projection biographique, la dimension d’une consolation. Cette ambiguîté n’abandonne jamais le spectateur et biaise la lecture des images : l’actrice, constamment épiée par les paparazzis, devient ici un objet de contemplation voyeuriste, par une collusion des événements, d’autant que certaines scènes n’arrangent rien, même si elles servent la construction du personnage d’Elsa, figure maternante et protectrice, qui sauve le jeune Max, roué de coups par des SA. Le gros plan sur les yeux embués de Romy Schneider, lors d’une sérénade aux violons, est une métonymie entière du film, à telle enseigne que les rétrospectives en font le plus souvent un symbole prémonitoire.
En fait, il faudrait délier ce long métrage de son inscription fatale dans un parcours d’actrice, le ramener à la juste proportion de ce qu’il défend : l’impossible oubli de ce qui s’est passé en Allemagne, à partir des années 30, et ressurgit dans la personne même d’un ambassadeur du Paraguay, ancien tortionnaire que Max assassine. La rétrospection est là pour tout expliquer. Dommage qu’elle s’alourdisse d’une mise en scène aussi académique. L’émotion en est comme anesthésiée, alors que l’interprète principale se démène pour donner vie à une double identité, Elsa se prolongeant dans le personnage attentif de Lina. Mais pour Romy Schneider seule, on peut voir ou revoir ce film, en se souvenant de la formidable comédienne qu’elle fut.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.