Le 1er juillet 2021
Après avoir tenté de définir le cinéma de genre, Julien Richard-Thomson cherche à comprendre les raisons pour lesquelles les films d’horreur et fantastiques français ont tant de mal à trouver des financements alors que les réalisateurs, talentueux et motivés, ne manquent pas. Mélanie Boissonneau, David Maurice et Ethan Dahan ont interrogé une dizaine de jeunes cinéastes dont le parcours et l’analyse offrent des éléments de réponse particulièrement éclairants.
- Auteurs : David Maurice, Mélanie Boissonneau, Ethan Dahan
- Editeur : Jaguarundi Editions
- Genre : Essai, Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 15 mars 2021
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Peut-on vraiment et sérieusement parler de « nouvelle vague » du cinéma de genre en France ? Souvent délaissé et snobé par l’industrie cinématographique qui lui préfère les comédies et les films d’auteur, ce cinéma dit de « seconde zone » semble connaître un regain d’intérêt encouragé par les producteurs étrangers et le développement des plateformes de streaming.
Critique : Le cinéma de genre, qui englobe de nombreux sous-genres tels que la pornographie ou encore le gore, est considéré, par les professionnels en France comme une création différente, à part, un cinéma bis qui ne mérite pas plus qu’un regard condescendant.
Alors qu’aux États-Unis le cinéma de genre, dont l’horreur, est un filon plébiscité par le public et surexploité depuis longtemps par des producteurs et des distributeurs soucieux de multiplier leur mise – avec un total de 27 millions de dollars, Blumhouse Productions a produit à la suite huit films d’horreur à succès (dont Paranormal Activity, Sinister et The Purge) qui ont rapporté 1,1 milliard de dollars au box-office mondial – les Français hésitent, préférant investir dans les comédies aux budgets parfois astronomiques, plutôt que de s’aventurer sur le chemin du septième art fantastique.
« Si tu prends la comédie en France, il y en a des dizaines et des dizaines. La plupart ne marchent pas, une bonne partie sous-performe, et quelques-unes cartonnent. C’est logique, car on a une démarche industrielle avec la comédie. On en fait beaucoup, des bien financées, d’autres pas du tout, mais ça permet de faire naître des auteurs, des acteurs… ça fait des entrées… et quand une comédie se plante […] on en parle peu », explique Mathieu Turi, ajoutant : « Si on faisait pareil avec le genre, à une échelle moindre évidemment, […] crois-moi, tu aurais sûrement [...] une ou deux véritables pépites qui peuvent faire des succès en salles. Ce n’est pas un problème de qualité des films, mais de quantité. C’est dans la quantité qu’un genre peut s’épanouir et s’améliorer. Nous, on nous demande de faire mouche à chaque fois. »
Cette analyse édifiante est, hélas, assez réaliste, quand on sait que le long métrage Alad’2 (Lionel Steketee, 2018) s’est monté pour un budget de 20 millions d’euros, ou que Michèle Laroque s’est allouée 500 000 euros de cachet pour sa dernière comédie Chacun chez soi (2021). Dans le même temps, Quarxx est difficilement parvenu à rassembler 700 000 euros pour tourner Tous les dieux du ciel.
Publié aux éditions Jaguarundi, La nouvelle vague du cinéma de genre en France fait un état des lieux impressionnant du cinéma de genre dans notre pays, un cinéma presque confidentiel mais les réalisateurs restent heureusement assez optimistes malgré les difficultés.
Aujourd’hui pour eux, les festivals demeurent une formidable opportunité de montrer leurs films, chercher des producteurs et des distributeurs, comme le raconte Aurélie Mengin : « Fornacis a fait une très belle carrière en festivals. Le film a eu 19 sélections officielles dans des festivals internationaux et français. Il a voyagé partout […] Malgré ce beau parcours […] je n’ai pas trouvé de distributeur en France, mais je viens d’être contactée par Amazon UK qui semble intéressé [...] » Et le salut est peut-être là !
Les plateformes de streaming, très friandes d’un cinéma de genre made in France, semblent être la solution pour l’avenir de ces réalisateurs contraints et boudés par le dispositif classique de production cinématographique qui ne veut pas d’eux : « Il y a deux choses […] qui vont tout changer. La première, c’est l’explosion des plateformes Netflix, Amazon, HBO Max, etc. C’est peut-être un souci pour plein de raisons, comme la chronologie des médias qui chez nous rend tout compliqué, mais c’est aussi pour les réalisateurs, les producteurs, les acteurs, une formidable opportunité de raconter des histoires, plus d’histoires », explique avec lucidité Mathieu Turi.
La nouvelle vague du cinéma de genre en France est un ouvrage aux témoignages passionnants qui met les pieds dans le plat, pose les bonnes questions et rapporte les réponses intelligentes des acteurs de la problématique. A commander en ligne pour tous les curieux et les cinéphiles.
Les entretiens proposés : Coralie Fargeat (Revenge), Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages), Aurélia Mengin (Fornacis), Mathieu Turi (Méandre), Olivier Afonso (Girls with Balls), Zoé Wittock (Jumbo), Julien Richard-Thomson (Zombie Club Special Coktail), Quarxx (Tous les dieux du ciel), Christophe Deroo (Sam Was Here - Nemesis), Léo Karmann (La Dernière vie de Simon), François Gaillard (Last Caress) auxquels il aurait été possible d’ajouter Christelle Gras (Reset), Romain Basset (Horsehead), Fabrice Blin (La Chose derrière la porte) et bien d’autres ; qui tous marchent dans les pas de Pascal Laugier (Ghostland), Xavier Gens (Cold Skin), Alexandre Bustillo et Julien Maury (Leatherface), Christophe Gans (Silent Hill), Franck Khalfoun (Maniac) ou encore Alexandre Aja (Crawl).
210 pages - 16 €
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