L’Éveil - Vincent Zabus, Thomas Campi - chronique BD

Plusieurs choses font que dès le début, il y a effectivement quelque chose de bizarre avec cet album : son titre tout d’abord, qui s’affiche sur la couverture comme si un rêve était pourtant décrit. Ses personnages ensuite, couple évidemment contraire mais qui fonctionne rapidement, et surtout, cette impression d’apocalypse à venir, grâce aux ressentis d’Arthur et aux possibilités d’un monstre géant façon Godzilla qui serait invisible mais prêt à bondir. Histoire d’amour mais aussi d’engagement, c’est lorsque le héros pénètre finalement dans un lieu éphémère et associatif que tout prend sens : il faut cesser de se lamenter pour agir, à petite touche, sans prétention, mais il existe des moyens de s’éveiller de ce cauchemar qu’est l’avenir. Sans le dire, cet ouvrage pose un regard romantique sur une réalité qui ne l’est hélas presque plus.

Vincent Zabus, Thomas Campi / Delcourt

Pour ce qui est de l’ambiance, cette bizarrerie se dilue dans un dessin qui semble couler dans les rues, dans les métaphores comme celle des lampes allumées, ou encore dans les traits des personnages, quelquefois flous, presque effacés. Comme si cet album devait retranscrire des éléments qui doivent disparaître, mais persistent. Les couleurs sont ainsi très belles, mais comme destinées à une fin tragique, gravant un peu plus le scénario dans un équilibre souple et harmonieux de couleurs, de traits et d’ombres.

Vincent Zabus, Thomas Campi / Delcourt

Apologue vivant et sans venin, L’Éveil est une BD à la fois concrète, car excellent reflet du monde d’aujourd’hui (du moins d’une capitale européenne) et éthérée, car c’est un peu comme si un rêve devait aboutir dans ces pages.