Notre avis  : Il y a sans doute une manière très symbolique d’appréhender ce récit qui part dans tous les sens, entremêlant science-fiction, physique quantique et mélodrame réaliste, tout en empruntant ses effets de rupture au cinéma d’action. L’ensemble donne le tournis et perd globalement le lecteur. Au bout d’une centaine de pages, on ne sait plus très bien si le héros navigue dans le monde des morts ou dans celui des vivants. Parce qu’il faut donner une cohérence à cet ensemble hétérogène, aussi bien dans le contenu que dans la forme, alors il convient de s’en tenir à Léo, écrivain contrarié, qui voudrait tant publier et, comme si le destin en avait décidé autrement, ne parviendra jamais à son rendez-vous professionnel.
A partir de son terrible accident de la route, le protagoniste de cette histoire acquiert, sans le savoir, puis en le sachant, des pouvoirs démiurgiques, ceux qu’on attribue à un auteur. Il a la capacité de voyager dans le temps, dans l’espace, de faire advenir, par sa simple présence, des phénomènes que notre monde si rationnel ne pourrait concevoir. Les aventures qu’il vit sont sans doute celles qu’il voudrait écrire : dès lors, il peut bien y avoir la possibilité d’un univers à faire disparaître et d’un univers à sauver ou la révélation d’un Christ qui ne fut pas celui qu’on croyait, la présence de figures maléfiques qui peuvent prendre la forme typographique d’un Mal majuscule, l’expertise habituelle de scientifiques qui ont des secrets à nous révéler, ou bien quelques phrases en exergue de chaque chapitre (Einstein y côtoie Bruno Mars), l’essentiel n’est pas dans les ingrédients habituels des pages-tuner ésotériques. Léo aurait mérité un récit à lui seul, sans que la nécessité d’une femme et d’une fille à sauver le condamne au fonctionnariat des supers-héros et aux déclarations sentimentales, intercalées entre les scènes d’action.
Si la fin du récit profile une potentielle suite, on aimerait qu’elle profite au personnage principal de l’histoire et resserre les enjeux autour d’une problématique finalement littéraire.