Le 14 mai 2017
Un giallo de haute tenue signé Lucio Fulci qui vaut tant pour son cadre, l’Italie rurale, que pour l’ignominie de ses meurtres dont les victimes sont principalement des enfants.
- Réalisateur : Lucio Fulci
- Acteurs : Tomás Milián, Barbara Bouchet, Florinda Bolkan
- Genre : Giallo
- Durée : 1h42
- Box-office : 8.080 entrées Paris Périphérie (8 salles, 1 seule semaine d'exploitation)
- Titre original : Non si sevizia un paperino
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 22 mars 1978
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Sortie DVD & Blu-ray : mai 2017
Résumé : Début des années 70, dans le sud de l’Italie, un petit village de montagne est plongé dans la terreur : de jeunes garçons se font mystérieusement assassiner et la police semble avoir du mal à identifier le meurtrier. Les pistes sont nombreuses, mais aucune ne semble réellement aboutir. La tension monte au sein de cette petite communauté et les habitants commencent à désigner des coupables. Pendant ce temps, les crimes odieux continuent.
Notre avis : Dans la carrière prolifique de Lucio Fulci, le spectateur pense forcément à son quarté gagnant de films d’horreur : L’enfer des zombies (1979), Frayeurs (1980), L’au-delà (1981) et La maison près du cimetière (1981). Pourtant, le cinéaste transalpin a touché à tous les genres, et notamment au giallo qui lui a permis d’acquérir ses lettres de noblesse : Perversion story (1969), le cultissime Le venin de la peur (1971) et L’emmurée vivante (1977).
En 1972, il réalise La longue nuit de l’exorcisme. Passons rapidement sur le titre français ridicule qui n’a rien à voir avec son contenu. Le distributeur français de l’époque a manifestement cherché à surfer sur le succès de L’exorciste de Friedkin (1973), dans la mesure où La longue nuit de l’exorcisme n’est sorti en France qu’en 1978.
Ce choix mercantile n’enlève rien aux qualités intrinsèques de ce giallo atypique qui prend le contre-pied du Venin de la peur, le précédent film de Fulci. L’action se déroule ici dans un village reculé de l’Italie méridionale alors que Le venin de la peur avait lieu à Londres, une des villes les plus peuplées à l’époque, et symbole de l’urbanisation. Le venin de la peur présentait directement l’identité du tueur. Dans La longue nuit de l’exorcisme, on apprendra son identité que lors d’un final étonnant. D’ailleurs qui dit giallo dit meurtres sanglants. Dans le cas présent, les victimes ne sont curieusement pas des femmes, mais bel et bien des enfants, à l’instar de l’excellent Qui l’a vue mourir d’Aldo Lado.
Le film comporte naturellement une enquête policière, bien qu’elle ait tendance à s’enliser du côté de la police. Elle ne constitue pas la trame centrale de La longue nuit de l’exorcisme. C’est plus la description du village et les conséquences des meurtres sur les villageois qui intéressent Fulci. Avec beaucoup de finesse et un côté quasi documentaire, il décrit un monde rural arriéré, ancré dans des traditions fortes. On perçoit clairement le rôle de la rumeur, des "on dit", notamment à l’égard de la "sorcière" du film ou de la jeune femme libre, très sexualisée, interprétée par la sublime Barbara Bouchet.
Si La longue nuit de l’exorcisme est une œuvre bien posée et plutôt sobre, Fulci ne peut s’empêcher de laisser par moments libre cours à ses déviances gore, à l’image du meurtre cruel d’un des personnages centraux de ce long métrage ou de la séquence finale. Un des inspecteurs de police résume parfaitement l’ignominie du meurtre : « Un crime atroce entre tous. Un acte répugnant qui arriverait à nous faire douter de l’Homme. Enfin quoi. Nous sommes capables d’aller sur la lune mais nous sommes incapables de vaincre l’ignorance et la superstition. Nous devons trouver les coupables et les punir. »
Au niveau de la musique, la bande son originale signée Riz Ortolani a son intérêt. Comme dans Cannibal holocaust il compose des morceaux musicaux en décalage total avec ce que l’on voit à l’écran (musique rock, slow) qui ont pour effet de renforcer l’horreur des scènes.
Quelques mots sur le casting qui est de très bonne tenue, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de film. Tomas Milian est impeccable en journaliste épris de vérité, constatant que la police est totalement impuissante. A ses côtés, on trouve la belle Barbara Bouchet dont le charme vénéneux irrigue chacune des scènes où on l’aperçoit. Notons aussi le jeu de Florinda Bolkan, crédible en jeune sauvageonne paumée.
La longue nuit de l’exorcisme constitue un excellent giallo qui prouve une nouvelle fois que Lucio Fulci est capable de réaliser de très grands films, et pas seulement en mettant en scène des zombies.
Longtemps indisponible en France, depuis quelques sorties improbables en VHS, Don’t Torture the duckling en VF, le classique est enfin prévu en DVD/Blu-ray chez Le chat qui fume qui proposera un collector limité à 2000 exemplaires en mai 2017.
Les suppléments prévus :
Ces jours avec Lucio avec Florinda Bolkan (28 min)
Qui a tué Donald ? avec Barbara Bouchet (18 min)
Entre noirceur et lumière avec le chef opérateur Sergio d’Offizi (48 min)
Le maître du montage avec le monteur Bruno Micheli (27 min)
Interviews Lucio Fulci (36 min)
Le temps de l’innoncence avec Lionel Grenier du site luciofulci.fr (19 min)
La longue nuit de Lucio Fulci par Olivier Père (24 min)
Les brûlures de la frustration par Jean-François Rauger (16 min)
Ne tuez pas les canards par Fathi Beddiar (22 min)
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