Tripes à l’air à Napoli
Le 14 avril 2024
L’unique poliziottescho, culte, de Lucio Fulci. Le cinéma de genre italien qu’on aime, pour ses exagérations, ses délires, son efficacité.
- Réalisateur : Lucio Fulci
- Acteurs : Venantino Venantini, Fabio Testi, Marcel Bozzuffi, Ajita Wilson, Luciano Rossi, Franco Daddi
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action, Policier, Film culte
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : The Ecstasy of Films
- Durée : 1h31mn
- Titre original : Luca il contrabbandiere
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 23 juin 1982
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– Année de production : 1982
Résumé : La lutte sans merci entre le contrebandier napolitain Luca et le « Marseillais », gangster sadique et impitoyable…
Critique : Le cinéma italien a cela de fascinant qu’il s’est approprié tous les genres possibles et inimaginables en l’espace de trois décennies afin de les pervertir (dans le bon sens du terme, s’il y en a un), leur donner une maturité, une dimension typiquement latine. Lucio Fulci fait partie de ces réalisateurs qui ont œuvré dans tous les genres, avec évidemment une prédilection pour l’horreur, pour y laisser leur propre marque. Souvent considéré de manière réductrice comme le « pape du gore », Lucio Fulci est donc surtout connu pour ses films d’horreur, de zombies, qui allaient repousser les limites du tolérable, tout en y injectant une certaine poésie du morbide, accompagnée d’une critique sociale acérée. De Fulci, nous connaissons surtout L’enfer des zombies (fausse suite du Zombie de Romero), L’au-delà, La maison près du cimetière, mais également des westerns comme Le temps du massacre ou des gialli (thrillers fortement teintés de gore et d’érotisme) très réussis comme La longue nuit de l’exorcisme ou encore Le venin de la peur, ainsi qu’un seul et unique poliziottescho : La guerre des gangs.
Réalisé avec l’approbation tacite de la Camorra, ce qui n’empêcha pas Fulci d’écorner au passage la figure du mafieux napolitain, La guerre des gangs s’inscrit pleinement dans le parcours du réalisateur. Le film n’aurait pu être qu’un autre poliziottescho réactionnaire bien classique sur fond de guerre entre mafieux, mais c’était sans compter sur la touche si particulière du réalisateur et de son équipe favorite, avec notamment Sergio Salvati à l’image et Fabrizio Frizzi à la musique. Avec Fulci, nous avons droit à notre lot de scènes gore, de balles qui font éclater les gorges comme des obus, de femmes dénudées, violées et brûlées au chalumeau, de cadavres explosés et de bidoches éparpillées à coups de fusil à canon scié. Ici, pas de soleil napolitain, ni de décor de carte postale. Fulci nous plonge dans une ville blafarde, constamment dans le brouillard, comme dans ses meilleurs films d’horreur. C’est sale, poisseux, déprimant, on crève à tous les coins de rue : bref, bienvenue dans le Naples des années 1980 !
Fulci peut compter sur un casting solide, avec Fabio Testi en antihéros très classe, mais impuissant du début à la fin, ainsi que notre Marcel Bozzuffi national qui a souvent œuvré de l’autre côté de la frontière (notamment dans l’excellent et méconnu Section spéciale, de Massimo Dallamano), qui campe avec un plaisir à peine dissimulé un gangster impitoyable et brutal surnommé le « Marseillais » (forcément). Les autres personnages ne sont là que pour souffrir, mourir dans des conditions particulièrement atroces, comme dans tout bis italien qui se respecte, ou constater les dégâts en simples observateurs, comme l’inspecteur joué par Venantino Venantini, nommé dans le film Tarantino (de là à dire que Quentin a changé son nom pour rendre hommage au film…).
Le film, sorti en 1980, alors que les westerns spaghetti et les poliziotteschi arrivaient en fin de course, peut parfois paraître exagéré, outrancier, et a pris au passage un coup de vieux certain (les coiffures, certains effets spéciaux et la musique n’aident pas, mention spéciale à la scène dans la boîte de nuit qui pourrait rendre un aveugle épileptique) ; mais c’est quand même en partie pour ça qu’on aime le cinéma de genre italien, pour ses exagérations, ses délires, son efficacité, qu’on aimerait beaucoup retrouver aujourd’hui.
La bande-annonce :
La guerre des gangs - Trailer - Lucio Fulci par The-ecstasy-of-films
LE TEST DVD
Une édition ultime pour un inédit du bis italien dans notre pays.
Les suppléments
The Ecstasy of Films fait plaisir aux amoureux du bis italien avec cette édition collector 2 DVD limitée à 1000 exemplaires (désormais épuisée, la version simple est toujours disponible) et son superbe packaging qui comprend un fourreau dessiné par Nathan Thomas Milliner, ainsi qu’une jaquette réversible et un petit livret synthétique rédigé par Lionel Grenier qui se conclut par une interview du compositeur Fabrizio Frizzi.
Concernant les suppléments vidéo de cette édition collector, l’éditeur nous propose pour commencer une introduction de Fausto Fasulo (1mn27), rédacteur en chef de Mad Movies, un court documentaire intitulé Lucio Fulci - Un cinéaste en guerre (12 mn) animé par des journalistes et cinéastes passionnés par le cinéma de genre, ainsi qu’une curiosité historique : un reportage d’Antenne 2 (5mn30) consacré à la contrebande de cigarettes à Naples présenté par Gérard Holtz ! Pour le film à proprement parler, nous avons également droit à une bande-annonce et une galerie de photos, ainsi que les bandes-annonces de La lame infernale et Torso, tous deux parus chez le même éditeur.
Mais The Ecstasy of Films ne s’arrête pas là, puisqu’il nous offre également deux courts-métrages : le délirant Die, Die, My Darling, de François Gaillard (Blackaria), et À tout prix, court-métrage très efficace et tendu réalisé par Yann Danh. Deux suppléments qui constituent le gros morceau de cette édition et sont accompagnés d’interviews de l’équipe du film et d’une émission de radio. De quoi passer deux bonnes heures seulement sur ces suppléments. The Ecstasy of Films s’est démené pour la sortie de cet inédit du cinéma italien et nous propose un collector qui n’a rien à envier aux poids lourds de l’édition : un vrai travail de passionnés.
L’image
Le film, longtemps inédit dans notre contrée, était déjà sorti dans plusieurs pays en DVD (États-Unis, Italie) dans des éditions très moyennes. L’éditeur nous propose la meilleure copie disponible à ce jour, avec un master assez propre, mais parfois instable à de rares occasions. Si la copie n’est pas parfaite, elle a le mérite de respecter la photographie si particulière de Sergio Salvati, ce qui n’était pas gagné d’avance, avec notamment son brouillard que l’on retrouve dans la plupart des films de Fulci.
L’image
Faute de version italienne disponible, nous devrons nous contenter d’une version française de bonne facture (même si le doublage de Fabio Testi n’est pas des plus heureux, on aurait aimé retrouver sa voix française de La poursuite implacable ou The Big Racket) et d’une version anglaise plus anecdotique, mais plus stable, la version française souffrant de légers grésillements. Les deux pistes sont présentés en Dolby Digital 2.0 mono.
– Sortie DVD : 12 juin 2013
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