Splendeurs et misères d’un courtisan
Le 26 septembre 2005
Une fresque de l’Angleterre thatchérienne qui fait froid dans le dos.
- Auteur : Alan Hollinghurst
- Editeur : Fayard
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Anglaise
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L’auteur britannique Alan Hollinghurst livre une fresque de l’Angleterre thatchérienne qui fait froid dans le dos. Back to the yuppies !
C’était aux début des années 80. L’argent coulait à flot à la City, la bonne bourgeoisie britannique se prélassait sur ses matelas à nouveau remplis de livres sterling et les Tories étaient tous amoureux d’une seule femme : une petite dame au brushing parfait et au regard bleu ciel. Derrière son sourire de dame patronnesse, celle qu’on a vite surnommé la Dame de Fer a appliqué sans états d’âme les règles de l’ultra-libéralisme. Avec La ligne de beauté, couronnée par le Man Booker Prize en 2004, Alan Hollinghurst ausculte la société conservatrice façonnée par les années Thatcher qui, sous sa brillante façade, nourrissait les germes du vice et de la corruption.
En digne héritier de la littérature du XIXe siècle, l’écrivain britannique s’est choisi un jeune Rastignac pour peindre les grandeurs et décadences de cette société si victorienne qui détenait alors le pouvoir en Grande-Bretagne. Jeune diplômé d’Oxford homosexuel, Nick Guest parvient en dépit de ses origines à se faufiler dans le cercle familial d’un député conservateur promis à un grand avenir politique. Très vite, le jeune homme, fasciné par la puissance et l’argent, prend goût à cette vie facile où champagne et cocaïne sont autant de vitamines pour soigner au quotidien son apparence. Mais Nick Guest aura beau faire pour se fondre dans cette très haute bourgeoisie londonienne, ses origines le condamnent à rester "un figurant qu’ils ne pouvaient ni accepter complètement ni ignorer".
Suffisance et cynisme huilent les rouages de cette société racontée de façon très jamesienne par Alan Hollinghurst. Les clins d’œil faits à Henry James émaillent d’ailleurs cette brillante fresque de l’Angleterre thatchérienne puisque le héros entreprend une thèse sur l’auteur américain dont les "merveilleux" personnages révèlent en vérité au fil du roman leur laideur amorale. La ligne de beauté n’est ainsi pas seulement le portrait incisif d’une époque, c’est avant tout un roman noir dont le prosaïsme des personnages fait froid dans le dos.
Alan Hollinghurst, La ligne de beauté, (The line of beauty, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau), Fayard, 2005, 530 pages, 20 €
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