La huitième femme de Barbe-Bleue - le test DVD

Le film : Dira-t-on jamais assez à quel point la vision d’un film d’Ernst Lubitsch procure du plaisir ? La suprême élégance de chacune de ses réalisations fait merveille, y compris avec des sujets parfois profondément mélancoliques (la mort, le renoncement amoureux, entre autres). Souvent imité mais jamais égalé, Lubitsch livre avec La huitième femme de Barbe-Bleue l’une des magnifiques comédies sophistiquées drôlissimes dont il détenait l’inviolable secret.
À travers cette comédie du mariage puis du remariage, le réalisateur s’attache ici à décrire la manière dont une jeune femme d’extraction noble mais désargentée (inénarrable personnage du père, fripon cupide et à mourir de rire) parviendra à rendre durablement amoureux d’elle un Américain richissime mais un peu plouc, et surtout collectionneur d’épouses patenté. La belle ne recule devant aucun stratagème et l’inventivité des scénaristes (Lubitsch, Wilder, Brackett, excusez du peu) non plus. La surprise est permanente et doublée par la splendeur d’une mise en scène concise, précise, remarquable.
Quant aux personnages, ils bénéficient eux aussi de la qualité d’une écriture tirée au cordeau et sont parfaitement servis par Claudette Colbert, charmante et piquante, et Gary Cooper. Dans son rôle limite dadais mais attachant, largement dépassé par les événements et bien embêté pour trouver comment se tirer des rets tendus par son épouse, il se révèle absolument formidable, drôle et touchant à la fois. Mis à rude épreuve, homme et femme finiront par se connaître et véritablement s’apprécier, d’égal à égal. Car là est le véritable enjeu de ce film admirablement moderne et divertissant. Un pur régal, de bout en bout.

Le DVD (éditions Bac Films, 2007)

Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent ici (quelques photos, la bande-annonce), mais on aura bien garde d’en tenir rigueur à l’éditeur. D’abord parce que tous les films de Lubitsch sont loin d’être édités en DVD et que la parution d’un nouveau titre (BAC en sort trois) est à saluer. Ensuite parce que le film se suffit à lui-même. Mais on se prend pourtant à rêver des commentaires que saurait en faire un spécialiste...

Image & son : Rien à redire dans ce domaine, un travail de remastérisation haute définition ayant été réalisé et portant admirablement ses fruits, notamment en ce qui concerne l’image.