La Gifle - Claude Pinoteau - critique

Critique : Deuxième collaboration entre Pinoteau et Ventura, après Le Silencieux, La Gifle fut, à sa sortie, un grand succès public qui révéla Isabelle Adjani, dans un rôle de jeune étudiante en conflit avec son père, sorte de préfiguration de ce que sera La Boum, six ans plus tard, version crise d’adolescence. Ici, la toute jeune adulte en deuxième année d’études universitaires (médecine) est à la croisée des chemins. Mais elle minaude autant que la jeune Vic, dans un environnement sociologiquement favorable : papa est prof d’histoire-géo à Louis Le Grand, habite un bel appartement. Lui aussi est à un carrefour, puisque, parallèlement à la fin d’une histoire sentimentale, une intervention musclée pour défendre deux lycéens l’a conduit à frapper un policier. On lui propose de muter, il envisage la démission.
Cette comédie dramatique essaie de capter l’air du temps : le personnage joué par Lino Ventura - très bien - a quitté sa femme. C’est l’époque où la vague des séparations arrive en France, la loi sur le divorce par consentement mutuel sera adoptée en 1975. L’histoire évoque aussi une rébellion contre l’autorité, dans une version largement folklorisée, avec des élèves qui mettent les pieds sur la table en classe. La jeune garde que saisit la caméra permet d’apprécier un vivier de futurs talents : Nathalie Baye, Richard Berry, André Dussollier (une apparition), Jacques Spiesser. Adjani, quant à elle, multiplie déjà les effets dramatiques dans un registre plutôt expressionniste qui fera sa gloire et peut largement agacer. La certitude d’être une grande comédienne la fait jouer comme si elle en était une.
Dans une interview, Francis Perrin, son partenaire sur l’écran, déjà circonscrit à un rôle bafouilleur maladroit, avouera : « Elle ne m’a pas impressionné ». On adhère : beaucoup d’affectation pour pas grand-chose. On préférera Annie Girardot, alors au zénith de sa notoriété : elle joue avec naturel la mère que va rejoindre Isabelle en Angleterre, cadre de la deuxième partie, où la famille de reconstitue pour un temps, puisque le père finit par rejoindre son ancienne compagne. Mais les retrouvailles tournent court.
Malgré quelques rebondissements, le film finit par tourner en rond dans une sorte de petit théâtre bourgeois. La jeune fille ne sait pas vraiment ce qu’elle veut, affole son entourage et finit par s’enfuir avec son amant. Bon débarras.