Critique

LIVRE

La géométrie insensée de l’amour - Susana Guzner - la critique du livre

Raison et sentiments

Le 26 septembre 2005

Au-delà du phénomène éditorial, il n’y a guère plus qu’une love story un peu convenue qui se cherche des airs rebelles.

  • Monica 16 octobre 2005
    La géométrie insensée de l’amour - Susana Guzner - la critique du livre

    Après avoir lu la critique signée par Le Ferrand, je suis restée avec la sensation qu’elle parlait d’un autre roman. Pourquoi ? En premier lieu, la protagoniste ne vit pas « une vie balisée, encadrée, avec la petite dose d’indépendance qui lui suffit pour ne pas se sentir étouffer. » Au contraire, il s’agit d’une traductrice reconnue et prestigieuse qui mène une vie indépendante et libérale. Au moins, elle est ainsi décrite par Susana Guzner, comme nous l’avons tous compris au sujet de María. Plus tard, elle ajoute « bref, chassés-croisés, larmes, frissons, doutes, serments d’amour, ruptures et réconciliations sous la couette font l’essentiel de ces 250 pages (en réalité 310), [etc.] . » Ce ne se produit pas non plus dans le roman ou pas au moins avec la légèreté que la critique décrit.
    C’est vrai que il y a un bon nombre d’excellentes digressions au sujet de l’amour et ses enjeux, mais la fatigante gymnastique de combats et réconciliations continuelles sont la responsabilité exclusive de Le Ferrand et pas de Susana Guzner.
    Je ne suis pas non plus d’accord avec l’idée d’un roman que ne laisse pas de place au lecteur (lectrice). Très au contraire, la capacité de Guzner de nous impliquer dans les avatars des protagonistes a été l’aspect le plus souligné par ceux qui ont lu le roman. Des phrases telles que « j’ai l’impression d’avoir connu les personnages depuis toujours » ou « on se sent au milieu d’eux, en ayant la sensation de participer dans ses émotions et ses conversations » ont été les plus répétées dans les chats, listes de discussions et critiques, pas seulement en Espagne mais n’importe où La géométrie insensée de l’amour a été lue (ce qui inclut le Monde entier).

    De plus, la conclusion de la critique est réductrice et disqualifiant : « a romance en question est plombée par un conformisme assez surprenant au regard des ambitions de l’auteur et si le roman se lit sans déplaisir, il laisse un certain agacement de s’être laissé entraîner dans cette love story sucrée vaguement bobo » (quelle dure expression, n’est-ce pas ?).
    Ce n’est pas le cas de La insensata geometría del amor qui a des qualités universelles et, par conséquence, littéraires. La insensata geometría del amor peut plaire ou pas mais il est aussi vrai qu’il s’agit d’un roman bel et bien écrit et avec un impeccable style littéraire.
    « Aujourd’hui, la traduction française nous dira si l’effet Guzner a le pouvoir de passer les frontières », on demande CLF... Je suis convaincue l’intelligence et la sensibilité des lecteurs français et de l’événement de ce beau roman.

    Finalement, je voudrais présenter mes excuses pour le français précaire qui a privé dans ce commentaire.
    Monica Ortega
    Bogotá, Colombia.

    Voir en ligne : La géométrie insensée de l’amour

  • Sweety 17 février 2006
    La géométrie insensée de l’amour - Susana Guzner - la critique du livre

    Totalement d’accord avec cette critique Que j’aie choisi entre plusieurs parce qu’elle reflète exactement mes sentiments :
    Le phénomène Susana Guzner, Par Pierre Salducci, La-Reference :

    On dit d’elle que c’est une « auteure brillante », « une écrivaine courageuse » et qu’elle est « énormément talentueuse ». Déjà bien connue au Canada anglais, Susana Guzner peut se vanter d’avoir captivé des milliers de lecteurs en Espagne et à travers le monde. Après avoir été traduit en anglais, en allemand et en néerlandais, son roman La Géométrie insensée de l’amour est enfin disponible en français. Publié par les éditions des Femmes, le livre a battu des records de ventes en France en très peu de temps. (...) La Géométrie insensée de l’amour est peut-être un des meilleurs romans d’amour entre femmes qui ait été publié jusqu’à présent en espagnol. Susana Guzner a ce don inné des latinos-américains pour raconter des histoires excitantes avec un énorme talent. En l’occurrence, l’amour entre les deux femmes est construit comme un suspense amoureux.
    En Espagne, Susana Guzner est considérée comme une des meilleures romancières du moment, même si María Rodríguez déplore qu’elle soit encore « injustement oubliée par les médias grand public » (comme toujours lorsqu’il s’agit de littérature homosexuelle). Son roman a réussi l’exploit de pulvériser le box-office espagnol sans un article dans la presse ni une interview à la télévision, tout s’est fait de bouche à oreille de lecteurs / lectrices. Pourtant, les critiques qu’elle reçoit sont toujours très positives comme le prouvent ces deux déclarations d’auteures : « Un roman qui vous emporte aussi fort que si vous descendiez des rapides, avec une histoire parfois tendre, parfois bouleversante, mais aussi parfois hilarante, et dans son ensemble, aussi spirituelle et turbulente que la vie », Rosa Montero, et « La Géométrie insensée de l’amour est une histoire pleine d’intrigue, d’intelligence, d’émotion et d’ingénuité, qui raconte la rencontre de Maria et d’Éva, mais aussi leurs moments de bonheur, leurs hésitations, leurs peurs et leurs audaces », Cristina Peri Rossi. (...) Au final, La Géométrie insensée de l’amour est un livre absolument exquis, raffiné et intelligent, admirablement porté par une langue subtile et vive. Susana Guzner décortique avec maestria la complexité des jeux de l’amour et du hasard entre deux femmes. Une grande découverte. Une auteure comme on en lit rarement. Un roman qui s’adresse à tous et toutes, et qui a les meilleures chances de devenir un incontournable de notre littérature. http://www.susanaguzner.com

  • Anae 23 février 2006
    La géométrie insensée de l’amour - Susana Guzner - la critique du livre

    Je suis quelque peu perplexe par l’avis de Le Ferrand sur « La Géométrie... » en tenant m’identifie avec la réponse de Monica : " Après avoir lu la critique signée par Le Ferrand, je suis restée avec la sensation qu’elle parlait d’un autre roman ».
    Tien, j’aussi ! Surtout par la pauvreté conceptuelle de sa critique.
    Madame Ferrand centre son avis exclusivement sur la trame - avec quelques erreurs facilement vérifiables par le lecteur, tout il est dit - et il fonde exclusivement son rejet sur "le phénomène médiatique", mais... Aucun mot sur les mérites - ou démérites - littéraires de S.G.
    Je suis professeur de littérature à Toronto, et je travaille ce roman avec mes élèves précisément parce qu’il possède une structure narrative très solide, dotée d’une forteresse narrative peu fréquente dans le panorama littéraire actuel. Les élucubrations du narrateur -María -, ils atteignent des moments de brillant énorme, parce qu’ils survolent leur individualité et on universalise, une autre qualité rare de nos jours. Les personnages sont parfaitement tracés et ont de la vie propre, et, peut-être le plus important, Guzner obtient transférer ses émotions par osmose, en créant une relation émotionnelle directe avec le lecteur. Celle-ci est littérature, et de celle très bonne.
    « On a pourtant du mal à prendre cette histoire pour ce qu’elle voudrait être : une révolution dans la littérature, qui ose aborder en toute simplicité une histoire d’amour homosexuelle ». Le Ferrand dixit.
    Et demande-t-elle... Devons-elle attendre une révolution parce que s’agit-il d’une lesbienne ? Plus encore : qui serait pour vous révolution ? Sa réponse tacite à cette question m’étonne encore plus « La romance en question est plombée par un conformisme assez surprenant au regard des ambitions de l’auteur et si le roman se lit sans déplaisir, il laisse un certain agacement de s’être laissé entraîner dans cette love story sucrée vaguement bobo ». Quel est le conformisme ? Somme toute, la question de ma dissidence avec cette critique serait très longue et ne souhaite pas accabler aux lecteurs, mais ne puis pas oublier la conclusion, clairement dédaigneuse envers les Espagnol : « Aujourd’hui, la traduction française nous dira si l’effet Guzner a le pouvoir de passer les frontières ».
    Les Espagnols aiment à S.G. parce que sont-ils stupides et croyez vous que les français auront le bon jugement de détruire un bluff ? Il n’a pas donc trouvé dans sa prédiction, mon chère ami, la Géométrie se lit et en appréciant comme il se mérite aussi en France...C’est ainsi la vie.

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