La forêt enchantée
Le 27 décembre 2005
Un conte fragile et placide dont la zenitude confine peu à peu à la grande sieste molletonnée.


- Réalisateur : Kohei Oguri
- Acteurs : Misuru Hirata, Ittoku Kishibe
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
– Durée : 1h33mn
– Titre original : Umoregi
Un conte fragile et placide dont la zenitude confine peu à peu à la grande sieste molletonnée.
L’argument : Trois jeunes filles décident d’inventer une histoire autour d’une forêt oubliée qu’elles poursuivront chacune à son tour à la façon d’un cadavre exquis.
Notre avis : Révélé il y a une vingtaine d’années grâce à La rivière de boue, Kohei Oguri se penchait déjà sur le sort de deux jeunes garçons et sur leurs difficultés existentielles. Dans un registre d’une mélancolie plus légère, La forêt oubliée s’ouvre sur trois gamines rêveuses qui s’échappent à travers des récits où se rencontrent baleines et chameaux, pas loin d’une forêt que tout le monde semble avoir effacée. Mais le fluide a disparu chez le réalisateur : son cinquième film, bien que très soigné visuellement, s’enfonce lentement dans une léthargie statique, au gré des historiettes de jeunes filles dont la naïveté confine à la crucherie de Télétubbies. Il ne reste alors à sauver que quelques vignettes, les retrouvailles timides d’un couple (avec une participation de la star Tadanobu Asano), un final au joli onirisme de fête foraine. Mais dans le registre de la chronique fantaisiste, La forêt oubliée fait un peu figure de Taste of tea en version engourdie et très candide.
Claude Rieffel 13 septembre 2010
La forêt oubliée
On peut comprendre que cette oeuvre déroutante, qui refuse catégoriquement toute ombre de conflit (et donc de tension) et affiche (assume) une désarmante naïveté, puisse agacer un spectateur habitué à voir des films sollicitant son attention de manière plus énergique.
Pourtant, pour qui acceptera de déposer les armes, cette vision apaisée d’un monde où morts et vivants cohabitent et où deuil et douleur ont été surmontés imposera vite sa tranquille évidence.
Un humour discret, fait d’attention aux êtres et aux choses, et la célébration jamais solennelle de la beauté du monde par le biais d’un travail très élaboré de composition du son et de l’image nous font pénétrer en douceur dans un univers animiste et magique.
Mêmes les quelques accessoires qui pourraient faire un peu bric à brac poétique, comme le cheval sur fond de soleil couchant ou les fantômes bondissants qui traversent inopinément les sous-bois, sont filmés comme le reste, c’est à dire comme des phénomènes parfaitement naturels.
Cette égalité du regard confère à La forêt oubliée une magie discrète et insidieuse qui enchante durablement. Car qui accepte d’habiter ce film risque fort d’être habité par lui et d’y revenir comme on rentre chez soi.