Tel père, telle fille
Le 26 février 2016
Film assez isolé dans l’histoire des monstres Universal, La Fille de Dracula détourne la série lancée par le film iconique de Tod Browning et fait basculer le tout du côté du thriller aux connotations lesbiennes appuyées.
- Réalisateur : Lambert Hillyer
- Acteurs : Edward Van Sloan, Marguerite Churchill, Otto Kruger, Gloria Holden
- Genre : Épouvante-horreur, Film de monstre
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h08mn
- Titre original : Dracula's Daughter
- Date de sortie : 17 juillet 1936
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Film assez isolé dans l’histoire des monstres Universal, La Fille de Dracula détourne la série lancée par le film iconique de Tod Browning et fait basculer le tout du côté du thriller aux connotations lesbiennes appuyées.
L’argument : Après qu’il ait été tué par le professeur Von Helsing, le corps de Dracula est volé par une mystérieuse jeune femme.
- © Universal Pictures / Elephant Films
La critique de la collection DVD & Blu-Ray Cinéma Monster Club - Dracula : ICI
Notre avis : Si le personnage de Dracula est probablement la figure la plus emblématique de l’horreur littéraire et cinématographique, le chemin emprunté par la série Universal sur le comte Vlad Tepes est assez unique et dispose d’une tonalité opposée aux autres franchises du studio spécialiste de l’horreur dans les années 30 et 40. Pas de destinée tragique au programme pour le prince des ténèbres, car contrairement à la créature de Frankenstein et au Loup-Garou, les vampires ne sont pas des incompris mais des entités volontairement maléfiques. L’héroïne de La Fille de Dracula, la comtesse Zeleska, superbement campée par Gloria Holden, cherche certes à se débarrasser de sa malédiction mais cette quête est de courte durée. La vampiresse ne parvient pas à résister bien longtemps à son envie de peindre des jeunes demoiselles dénudées et de les croquer juste après, on la comprend. La Fille de Dracula se réapproprie complètement le ton de la série entamée par le classique de Tod Browning (bien qu’il s’agisse d’une œuvre assez mineure dans la filmographie du réalisateur de Freaks et de L’inconnu) et passe de l’épouvante au thriller quasi-érotique, avec des connotations lesbiennes assez évidentes. Forcément, pour cause de censure, tout est suggéré, mais le film va néanmoins assez loin considérant les standards de l’époque. Le ton est donné, à partir de maintenant, les films de Dracula n’appartiennent plus au domaine de l’horreur mais à celui de la manipulation et de la séduction. Et pour séduire, il faut de l’humour et le long-métrage ne manque pas de céder brièvement aux sirènes de la screwball comedy, très en vogue à l’époque.
Techniquement, La Fille de Dracula n’est pas le plus remarquable des films de monstres Universal et le réalisateur Lambert Hillyer multiplie les faux raccords. Issu de l’usine du sérial, il est le premier cinéaste à avoir adapté Batman au cinéma en 1943 dans une série en 15 chapitres peu recommandable bien qu’amusante. On retiendra néanmoins de très beaux décors et une bande son de Heinz Roemheld franchement inspirée et qui aura certainement marquée Danny Elfman, tant les similarités sont évidentes. Le retour du Von Helsing (non, il n’y a pas erreur) campé par Edward Van Sloan, figure récurrente de la série, procure un lien léger avec le premier opus et l’acteur exécute sa tâche avec sa prestance habituelle. Quant à Gloria Holden, cette vétérante du théâtre dispose d’une meilleure diction que Bela Lugosi et d’une présence vénéneuse qui en fait une créature obsédante et bien plus magnétique que son cher papa. Malgré un rythme en dents de scie et une fin expédiée en Transylvanie, La Fille de Dracula reste un drame baroque et unique dans l’histoire du cinéma d’horreur, ne serait-ce que pour ses transgressions de certains tabous hollywoodiens.
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