La disparue de Deauville

A vouloir courir trop de lièvres à la fois, Sophie Marceau s’égare dans un thriller fantastique brouillon et sans style.

L’argument : Victoria, une actrice célèbre en son temps, à l’aura et au charme saisissants, est morte il y a trente ans, dans des circonstances troublantes. Elle réapparaît mystérieusement dans la vie d’un flic solitaire, Jacques, enquêtant sur une disparition, au cœur d’un palace de Normandie... Que veut cette femme comme surgie d’une autre époque ? Pourquoi a-t-elle choisi Jacques ? Quels secrets se cachent derrière le luxe de ce palace ?

Notre avis : A vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, Sophie Marceau s’est perdue. Elle reprend la trame du flic traumatisé (drame intime, messieurs dames) et à moitié cinglé (que Christophe Lambert n’a pas de mal à rendre crédible, probablement contre son gré) qui met son nez là où il ne faut pas. Il tombe sur un vieux beau assassin, une épouse infirme, abusive et castratrice dont le fils, par voie de conséquence, est efféminé. Et elle en cache, du linge sale, cette famille.
Donc, jusque-là, les clichés se portent très bien, merci. Pour corser la chose, le flic est aidé par une femme mystérieuse, réincarnation d’une vedette des années 60 (Sophie Marceau elle-même, dans un grand élan de modestie). Elle ressemble beaucoup plus à une star hollywoodienne des années 40 qu’à B.B. ou Romy Schneider, mais ne nous embarrassons pas de vraisemblance... Après tout, pour pimenter le récit, la demoiselle recourt au fantastique, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les fenêtres, comme dirait l’autre... Et, adepte du passage en force, la belle cherche à nous en faire avaler, des couleuvres !
Beaucoup trop touffu pour un seul film, ce récit feuilletonesque aux rebondissements incessants et peu crédibles (version série d’été sur TF1) finit par lasser. D’autant que beaucoup moins inspirée que pour Parlez-moi d’amour, son premier long, la réalisatrice hésite entre les styles à adopter, et donne dans la caméra subjective à tire-larigot (mal de mer garanti), confondant mouvement et agitation. Elle nous laisse bien désemparés devant ce spectacle mal ficelé, brouillon, qui s’aventure jusqu’aux confins du grotesque.