Le 25 juin 2021
Du cousu main pour Luchini, dont la carrière s’emballa à partir du succès de ce film. Ce conte cruel, qui lorgne sur Laclos, privilégie un scénario trop prévisible pour surprendre.
- Réalisateur : Christian Vincent
- Acteurs : Fabrice Luchini, Maurice Garrel, Marie Bunel, Judith Henry, Sophie Broustal
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pan-Européenne
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 25 juin 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 21 novembre 1990
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Résumé : Antoine aime les idées, les mots et les femmes. Son travail d’assistant parlementaire au Sénat lui laisse quelques loisirs qu’il consacre pour l’essentiel à l’écriture et à la drague. Un matin, il se rend à la gare de l’Est fermement décidé à rompre avec Solange, sa dernière petite amie quand, au bout du quai, celle-ci apparait au bras d’un jeune homme. Pour un séducteur, l’affront est d’importance. Il envisage bien de se venger. Mais comment faire ?... Il a, avoue-t-il, si peu d’imagination.
Critique : Et Fabrice devint Luchini, à qui Christian Vincent offrit un rôle de personnage littéraire, sorti d’un roman épistolaire du XVIIIème siècle. Antoine est un Valmont réactualisé, volontiers infatué, qui parle aux femmes comme il leur aurait écrit une lettre, ne cessant de commenter ses aventures sentimentales, puisqu’il faut que tout se termine par des mots, les siens ou d’autres, ceux de Thiers, ceux de Guitry, ceux de Jankélévitch, ceux de Tristan Bernard (l’homme est parfois atteint de citationnite). De manière logique, la proposition éditoriale destinée à Antoine constitue une forme d’allégeance astucieuse à son art de vivre : elle fera coïncider une expérience humaine et son prolongement narratif, pour un livre à paraître dont le canevas est déjà écrit. Laclos n’en aurait pas désavoué l’argument : un individu décide de se venger de toutes les femmes, choisit de se faire aimer d’une seule, pour mieux la subordonner à ses intentions, avant de la quitter. Voilà notre héros devenu personnage, obéissant aux instructions de son ami, une sorte de Merteuil remise au goût du jour, ce qui n’est pas difficile, puisque tout depuis le début prédispose Antoine à cet emploi. Le mûrissement du projet, qui transite par la voix intérieure du héros, s’incarne dans des réflexions en voix off, tel un hommage direct à la Nouvelle Vague.
Le rôle principal est évidemment du cousu main pour le phrasé précieux et les postures de Luchini, bien que son personnage de cuistre verbeux, pris à son propre jeu, semble contenir toute la paresse du scénario et puisse aisément lasser. De son côté, Judith Henry, révélation du film, livre une prestation plutôt monocorde. Elle lui valut le César du meilleur espoir féminin.
Sans être déplaisant, ce conte cruel est tout de même un peu trop programmatique pour surprendre.
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