Le 29 septembre 2024
Trop heureux d’avoir extirpé Isabelle Huppert de son registre habituel, Jean-Paul Salomé perd de vue le cœur de son récit et nous offre un film drôle, mais bancal.
- Réalisateur : Jean-Paul Salomé
- Acteurs : Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Liliane Rovère, Iris Bry, Rebecca Marder, Farida Ouchani, Raphaël Quenard
- Genre : Comédie, Comédie policière, Policier
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 29 septembre 2024 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 9 septembre 2020
- Festival : Festival de l’Alpe d’Huez, Festival d’Angoulême 2020
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Résumé : Patience Portefeux est interprète judiciaire franco-arabe, spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la brigade des Stups. Lors d’une enquête, elle découvre que l’un des trafiquants n’est autre que le fils de l’infirmière dévouée qui s’occupe de sa mère. Elle décide alors de le couvrir et se retrouve à la tête d’un immense trafic ; cette nouvelle venue dans le milieu du deal est surnommée par ses collègues policiers "La Daronne".
Critique : Quelques rapides flashback nous le confirment : Patience a connu une enfance chaotique, mais riche de péripéties entre un père, spécialiste des affaires douteuses, et une mère distante. Elle a ensuite épousé un bel enjôleur, lui aussi amateur de petites combines, qui lui a fait la mauvaise farce de mourir dans la fleur de l’âge, en lui laissant deux fillettes à élever et pléthore de dettes, qu’elle ne finit plus de rembourser. Aujourd’hui, elle vit seule dans un quartier populaire et cosmopolite de Paris. Sa parfaite maîtrise de la langue arabe lui a permis d’obtenir un emploi de traductrice judiciaire, au sein de la brigade des stups. Ce qui ne l’empêche pas de peiner à payer son loyer, auquel s’ajoutent les versements mensuels pour l’EHPAD voisin où sa mère, victime de la maladie d’Alzheimer, séjourne. Et puis surtout, la routine de cette vie sans relief lui pèse. Alors, le jour où elle découvre qu’elle peut à la fois augmenter ses finances et mettre un peu de piment dans sa vie, elle n’hésite pas à basculer dans l’illégalité et à devenir cette fameuse daronne que toute la police traque.
- Copyright Guy Ferrandis
En adaptant ce roman de Hannelore Cayre, Jean-Paul Salomé dresse un beau portrait de femme, à la fois forte et fragile, et donne l’occasion à Isabelle Huppert de développer un potentiel comique peu exploité jusqu’à présent. C’est d’ailleurs là le plus bel atout de ce divertissement malicieusement incorrect qui, malgré une mise une scène plutôt rythmée, n’évite pas les clichés.
Dans un premier temps, Patience se présente comme une employée douce et dévouée à ceux qui comptent sur elle, pour décrypter les conversations des malfrats qu’ils poursuivent. Elle bénéficie également de la protection de son supérieur hiérarchique (Hippolyte Girardot, tout à fait crédible dans ce rôle de commandant de la brigade des stups, à la fois autoritaire avec ses hommes, et naïf avec cette femme qui le manipule), avec qui elle entretient une relation amoureuse, qui semble lui assurer un équilibre sentimental et professionnel. Si, depuis son plus jeune âge, Patience est rôdée à la rouerie et au mensonge, elle possède aussi un vrai sens de la solidarité. D’ailleurs, c’est en rendant service à l’aide-soignante, qui prend soin de sa mère bien mieux qu’elle-même ne saurait le faire, qu’elle dévoile l’autre aspect de sa personnalité et donne un coup d’accélérateur au récit, jusque là gentiment ronronnant. Cette fois, c’est elle qui mène la danse. Frottant sans crainte sa frêle silhouette aux carrures athlétique des malfrats et aux méthodes faussement musclées de la police, elle manie avec bonheur irrévérence et menaces. Méconnaissable sous son abaya noire et son foulard coloré, affublée d’énormes lunettes dignes des élégantes de Dubaï, l’égérie de Claude Chabrol, qui n’a jamais cessé d’alterner cinéma d’auteur et films à grand public, prend un évident plaisir à se jouer des apparences et à s’accaparer toute l’énergie de l’histoire, pour faire de cette daronne intraitable une patronne de la drogue délicieusement indigne. Ses relations en demi-teinte avec sa mère, à qui Liliane Rovère accorde sa gouaille et sa spontanéité, complètent judicieusement ce tableau attachant d’une femme ni tout à fait ange, ni tout à fait démon.
- Copyright Neue Visionen Filmverlieh
Si enthousiasmant soit-il, cet emploi à contre-courant de l’une de nos plus emblématiques comédiennes, réduit l’espace dédié à cette galerie de personnages secondaires, finalement condamnés à la caricature. Des petits dealers abrutis, des affreux gros caïds immensément méchants et une Asiatique fourbe s’embourbent dans des situations abracadabrantesques, qui ne laissent jamais poindre le moins espoir de suspens.
Flirtant entre comédie et thriller, La daronne reste un divertissement plaisant mais laissera sur leur faim les amateurs de vrais polars.
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