Goncourt 1933

La condition humaine achève magistralement la trilogie asiatique de Malraux, après Les conquérants (1928) et La voie royale (1930). Au-delà de l’unité de lieu, le fil directeur de ces romans aux contextes historiques complexes et bouleversés, ce sont ces hommes courageux, engagés, dotés d’une volonté de puissance qui les pousse à l’action, révolutionnaire, criminelle, terroriste.

Mais c’est aussi la force d’un écrivain avant tout soucieux que ses héros, par un effort de lucidité éloquent et douloureux tel qu’en sont capables Kyo, Tchen, Gisors et Ferral, soient porteurs de ces doutes métaphysiques universels que sont la mort, la solitude, le destin. Sans rien renier au réalisme chronologique, spatial et charnel, parce qu’il s’agit bien d’hommes qui désirent et souffrent dans leur chair, La condition humaine est animé d’une aspiration philosophique tragique, sans concession, de celles qui révèlent en pleine lumière nos propres renoncements.