Le 17 mars 2024
Presque animal dans sa relation à la terre, à l’homme et à la nature, ce premier roman s’enfonce dans l’Alaska des années 1950, territoires encore presque vierges recouverts d’épicéas.
- Auteur : Melinda Moustakis
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Roman, Nature Writing
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Josette Chicheportiche
- Date de sortie : 7 mars 2024
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Alaska, 1956. Marie et Lawrence se rencontrent et décident de se marier. Ils ont alors pour grand projet d’aménager une parcelle de 150 acres qu’ils viennent d’acquérir. Pour Lawrence, voici enfin l’occasion de s’intégrer à un monde qui n’a jamais tenu ses promesses. Pour Marie, cette terre est le moyen d’échapper à l’avenir vide qu’elle redoute. Certes, le pari peut sembler risqué, mais cela vaut toujours mieux que de n’avoir aucun projet. Au cours des années qui suivent, tout en travaillant leur terre, Marie et Lawrence se découvrent progressivement et doivent faire face à tout ce qu’ils ignoraient l’un de l’autre. Pendant ce temps, l’Alaska devient un État, elle se modernise et change en profondeur. Marie et Lawrence parviendront-ils, eux, à se réinventer ?
Critique : Dans La Clairière, Melinda Moustakis raconte un mariage inopiné, qui n’arrive que quelques jours après la première rencontre entre Marie et Lawrence. Elle vient du Texas, lui du Minnesota, mais il a eu davantage de temps qu’elle pour se faire à l’inhospitalité de l’Alaska où ils vivront, pas même État en cette année 1956, encore simple territoire. Ils se croisent dans un bar, décident de continuer leur route ensemble et se marient. Ils s’apprivoisent ainsi au fil des chapitres qui suivent les mois de l’année, lentement mais fluidement. Paragraphe après paragraphe, les focalisations s’alternent pour mieux donner à lire le mal-être de chacun, les difficultés à communiquer et à s’ouvrir à l’autre alors qu’ils sont seuls au milieu des bois, dans l’air glacé.
C’est le quotidien qui s’organise que relate Melinda Moustakis, les personnalités qui se rencontrent et se découvrent malgré les silences, la lourdeur de l’atmosphère sous les aurores boréales. Sa plume a quelque chose d’instinctif, d’animal, les mots simples qu’elle emploie embrassant la rudesse de la vie de pionnier, la beauté de la nature si hostile derrière ses apparences tranquilles. Les épicéas donnent leur odeur musquée et résineuse à ces pages, leur rugosité aux phrases non-verbales, parfois hachées, parfois maladroites dans leur spontanéité qui raccroche sans doute moins en anglais, langue plus malléable, à la grammaire moins rigide que le français. Parfois, une pointe de poésie rompt l’épure du texte, souligne l’exceptionnel de ces vies à des lieues de la société comme on la conçoit alors. La modernité qui s’annonce transparaît ici dans la volonté de Marie de voir son nom à coté de celui de son époux sur le titre de propriété, souhait qui épaissit parfois l’air et rend l’atmosphère oppressante. Au-delà de l’anatomie d’un mariage, de l’analyse minutieuse de la maternité – désirée plus que de raison, ou subie – et de ses revers, c’est donc aussi une immersion dans des paysages encore vierges, ou presque, territoires des ours, des loups et aussi des autochtones qui traversent furtivement ces pages, qu’offre la primo-romancière.
Melinda Moustakis - La Clairière
Gallmeister
320 pages
23,50 euros
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