La cité disparue - la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : Dans la longue et prolifique carrière d’Henry Hathaway, ce film d’aventures solide ne jouit pas d’une excellente réputation. On peut le trouver un rien emphatique, trop long, entaché de stéréotypes voyants. Et c’est vrai. Pourtant, à bien des égards, La cité disparue témoigne de divers savoir-faire impressionnants, qui dans le Hollywood classique finissant, font preuve d’une belle rigueur et d’une belle vivacité.
Pourtant le début ne fait apparemment pas dans la dentelle, avec une succession de clichés mettant l’accent sur la cupidité des habitants de Tombouctou. Mais l’espiègle première apparition de Sophia Loren, celle retardée de John Wayne, lancent le film dans ce qui sera sa voie, c’est à dire une étude psychologique plus qu’une suite d’aventures. À travers un troisième personnage, Paul, en quête d’un trésor trouvé par son père, le scénario de Ben Hecht construit une variation sur le triangle amoureux, avec cette nuance essentielle : Dita est une prostituée...

On suit donc l’odyssée dans le désert, toujours photogénique, de ces trois êtres qui vont peu à peu se révéler à eux-mêmes comme aux autres et le trésor devient vite un simple artifice qui cristallise les comportements et dévoile ce que cachent les apparences. Car au fond, chacun est à la fin du film le contraire de ce qu’il semblait être au début : Joe le cynique apprend le respect, Paul le bienfaiteur trahit ses compagnons, et Dita accède à la pureté. On reconnaît là le vieux précepte hollywoodien selon lequel l’action montre l’homme tel qu’il est. Cela ne va pas sans beauté (les irruptions de Touaregs, l’errance dans la ville romaine), ni sans trouvailles (la séquence du vent et les héros sous la couverture). D’autant que le scénario est très solide avec ses échos et parallélismes (l’âne qui détecte l’eau par deux fois, par exemple) et propose même une très belle idée : la découverte de trois cadavres qui préfigurent le destin possible des protagonistes.

Mais des dialogues sentencieux, le jeu parfois approximatif des comédiens, des répétitions agaçantes (notamment les deux plans récurrents : des personnages sont frappés de stupeur / on montre ce qui les étonne), un manque évident de souffle, tout cela nuit au film qui n’égale pas les meilleures réussites du genre. On serait néanmoins ingrat de ne pas ajouter que le soin apporté à la photo et les péripéties suffisent largement à ce que La cité disparue soit indispensable aux amateurs d’œuvres à l’ancienne, dans lesquelles on sent constamment la patte d’artisans brillants.

Le test blu-ray

Les suppléments :
En dehors des bandes-annonces, il n’y a qu’un bonus, mais quel bonus ! Un entretien de 43 minutes avec Frédéric Albert Lévy (Cet obscur objet du désert, le titre valait d’être cité) dont le savoir encyclopédique part dans tous les sens (de l’orientalisme à Ben Hecht en passant par l’analyse du titre) pour cerner ce film que beaucoup n’aiment pas et qu’il analyse comme un « huis clos dans le désert ». C’est parfois plus fin que convaincant, mais passionnant.

L’image :
Il y a bien quelques points blancs et de légères instabilités, mais la copie est magnifique, avec ses couleurs rutilantes et sa définition remarquable vu l’âge du film.

Le son :
La VO (DTS HD Master Audio 2.0) met en valeur les dialogues, audibles et clairs malgré quelques séquences où ils apparaissent légèrement étouffés ; quant au vent du désert, son rendu est inespéré. La VF d’époque est plus étriquée.