Le 16 septembre 2022
Livre multiple qui reste pourtant fluide, La Cité des nuages et des oiseaux offre un voyage dans le temps et dans l’espace, sur les traces d’un livre perdu, de mythes, d’un amour partagé pour les histoires ainsi que et pour l’espoir qui émane d’elles.
- Auteur : Anthony Doerr
- Collection : Terres d’Amérique
- Editeur : Albin Michel
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Marina Boraso
- Date de sortie : 14 septembre 2022
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
L'a lu
Veut le lire
Résumé : Le lecteur est entraîné de la Constantinople du XVe siècle jusqu’à un futur lointain où l’humanité joue sa survie à bord d’un étrange vaisseau spatial en passant par l’Amérique des années 1950 à nos jours. Tous les personnages ont vu leur destin bouleversé par {La Cité des nuages et des oiseaux}, un mystérieux texte de la Grèce antique qui traverse le temps, unissant le passé, le présent et l’avenir de l’humanité, et célèbre le pouvoir de de l’écrit et de l’imaginaire.
Critique : Œuvre complexe, faite de plusieurs strates, La Cité des nuages et des oiseaux gravite autour d’un livre fictif (éponyme) qu’aurait écrit Antoine Diogène au Ier siècle de notre ère. Des bribes de cette épopée antique sont intercalées entre les pages du roman d’Anthony Doerr, rythmant les existences des cinq personnages centraux, leur faisant bien souvent écho, des plumes de cette cité perchée dans le ciel tombant doucement dans leur vie. Zeno est le seul à avoir un lien évident avec ces folios perdus rédigés en grec ancien. En effet, il en est le traducteur et s’est donné pour mission de transmettre la magie de ce texte à cinq enfants : patiemment ils préparent une représentation théâtrale qui s’en inspire. Avant de s’improviser metteur en scène, Zeno a déblayé la voirie enneigée pendant des années, oubliant ses mois d’emprisonnement dans un camp en Corée du Nord en 1950, les combats, les amours impossibles, comme Anthony Doerr s’attachera à le décrire peu à peu, jouant avec la chronologie des existences autant qu’avec la temporalité générale de ce roman. Seymour, un adolescent autiste, rôde autour de la bibliothèque où répètent Zeno et son équipée, ses desseins inquiétant le lecteur avant que ce dernier ne comprenne peu à peu ce qui agite le cœur de ce jeune homme. Konstance, elle, vit dans une capsule spatiale, plusieurs décennies après ces héros masculins, enfermée contre son grès, s’évadant par l’esprit grâce à la réalité virtuelle et à une bibliothèque semblant renfermer autant de savoir que celle de Constantinople. En outre, Anna est une petite brodeuse en herbe qui vit dans cette ville assiégée, sa maigre liberté disparaissant alors que les Ottomans canonnent les murailles. Parmi eux, Omeir, un bouvier au bec-de-lièvre que tous craignent ou méprisent.
Chacun, comme tout humain, rêve à un monde meilleur – semblables en cela à Aethon, le héros de Diogène. En réalité, ce personnage fictif à tout égard et ses aventures fantaisistes comme nées de l’esprit de Collodi, ont été inspirés à Anthony Doerr par Les Merveilles d’au-delà de Thulé, un véritable manuscrit de l’auteur grec. Malgré les mises en abyme, malgré les allers-retours temporels, la fluidité de ce texte est indéniable : le lecteur survole les époques, voyage dans le temps sans se perdre, guidé par la plume sûre de l’auteur, imprégnée de la douce poussière de l’Histoire, de la magie des mythes et des cliquettements des outils technologiques science-fictionnels.
Peu à peu, des liens se tissent entre les époques, le prix Pulitzer 2015 créant un véritable réseau qui donne à lire la vie d’un livre – de sa conception à sa renaissance, phénix malmené par les années, les intempéries, les fléaux et les guerres, mais resurgissant de ses cendres. Hommage à la lecture, La Cité des nuages et des oiseaux est aussi un plaidoyer écologique qui met en garde contre ce qui guette la Terre, ses habitants et leurs écrits, depuis des siècles, semble-t-il. Pourtant, comme dans Toute la lumière que nous ne pouvons voir, l’espoir triomphe, malgré les villes fortifiées qui tombent, malgré les enfants que la société rejette et voit comme anormaux – ou peut-être grâce à eux.
Anthony Doerr - La Cité des nuages et des oiseaux
Albin Michel
150.00 mm x 220.00 mm
704 pages
24,90 euros
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.