La Chute de l’empire américain - Denys Arcand - critique

Critique : Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, il ne s’agit pas du troisième volet d’une série qui a commencé avec Le Déclin de l’empire américain (1986)
D’ailleurs, les deux acteurs communs aux trois films Rémy Girard et Pierre Curzi ne reprennent pas les mêmes rôles que dans les deux premiers opus.
Néanmoins, il y a une certain correspondance dans la critique d’un système et de son déclin, cette fois définitivement prononcé. Ainsi, toutes les grandes idées et les grands principes se sont effacés au seul profit de l’argent.
Pierre-Paul, qui se défend de s’y intéresser en formulant plusieurs théories, sera le premier à en profiter lorsque le hasard lui procurera une occasion.
Le héros se trouvera à la tête d’une petite fortune en liquide et n’aura de cesse de la faire fructifier, même s’il compte en faire profiter partiellement les laissés-pour-compte de Montréal, qui ne cessent d’ augmenter.
Tous les personnages, comme le protagoniste, n’agissent qu’en fonction de l’argent : Sylvain (Rémy Girard) a passé un diplôme de gestion en prison et a l’intention d’en tirer profit à sa sortie, sans se faire pincer ; Aspasie (Maripier Maupin) monnayait chèrement ses charmes avant de rencontrer Pierre-Paul ; Wilbrod Taschereau (Pierre Curzi), avocat en col blanc, est un spécialiste de l’évasion fiscale ; Linda, l’ex petite amie, n’aura aucune hésitation à voler sa propre entreprise : une banque ! Quant aux deux policiers qui ont flairé une potentielle arnaque, ils en seront pour leurs frais.
Si le film se suit agréablement, et notamment sa dernière partie savamment orchestrée, on ne peut que constater un nombre certain d’invraisemblances : l’arnaque à l’évasion fiscale, traitée avec beaucoup de légèreté, est un peu trop rocambolesque, la générosité communicative de Pierre-Paul, qui contamine les enquêteurs, est totalement improbable, et les méchants gangsters lâchent un peu trop facilement l’affaire.
Reste une comédie immorale tout à fait réjouissante, bien mise en scène, avec des interprètes qui s’amusent vraiment. Mais ce long-métrage est bien en deçà des réflexions contenues dans les deux autres films de la série.