La baronne de minuit - La critique

L’argument : Eve, petite danseuse de variétés, arrive à Paris en robe du soir, mais ruinée par la roulette de Monte-Carlo. Un jeune chauffeur de taxi hongrois, Tibor Czerny, la prend en pitié, en charge et en amitié. Mais elle lui échappe et parvient à s’introduire dans la haute société en se faisant passer pour la baronne Czerny. Elle est sauvée de la misère par le richissime George Flammarion qui cherche à se débarrasser du play-boy dont sa femme est éprise. Eve détourne le minet prédateur, au cours d’un week-end mouvementé dans un château. C’est sans compter le retour du chauffeur de taxi...

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Notre avis : Ce vaudeville déjanté est typique de l’âge d’or de la comédie américaine hollywoodienne. Mitchell Leisen, cinéaste mineur, bénéficie certes d’un excellent scénario de Billy Wilder mais signe aussi une mise en scène élégante. On est bien sûr loin de la perfection de New York-Miami ou L’Impossible Monsieur Bébé mais le réalisateur bénéficie de cet incroyable effet de synergie des studios. Le synopsis convoque le meilleur d’un certain « cinéma de boulevard », avec cette acuité dans la description des antagonismes de classe. Étant issue des couches populaires, Eve ne côtoie la strate supérieure que grâce à son charisme et sa débrouillardise. Mais la rencontre avec un chauffeur de taxi, charmeur et sympathique, la persuadera finalement des bienfaits du mode vie populaire. La Baronne de minuit s’inscrit ainsi dans la mouvance de satire sociale de maintes comédies américaines des années 30, de Vacances de George Cukor à My Man Godfrey de Gregory La Cava, en passant par les œuvres de Capra. Il faut aussi souligner le jeu impeccable de Claudette Colbert (1903-1996), qui fut l’une des reines de la comédie hollywoodienne, partageant son sceptre avec Katharine Hepburn, Carole Lombard, Myrna Loy, Ginger Rogers et autres Irene Dunne. Le fait qu’aucune allusion à ses origines françaises ne soit mentionnée, alors que le récit se déroule à Paris, n’en est que plus troublant. En vieux beau rusé et manipulateur, John Barrymore est un second rôle de grande classe et éclipse largement le fade Don Ameche en chauffeur de taxi tombeur.