Le 10 avril 2016
D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Faisant écho à l’actualité récente, Elie Chouraqui nous rappelle de belle manière que les carences identitaires sont à l’origine de bien des violences.
- Réalisateur : Elie Chouraqui
- Acteurs : Michel Bouquet, Richard Berry, Stanley Weber
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 25 mai 2016
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D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Faisant écho à l’actualité récente, Elie Chouraqui nous rappelle de belle manière que les carences identitaires sont à l’origine de bien des violences.
L’argument : Lors d’un voyage en Allemagne, un jeune professeur, Nathan Fabre, découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père, Adrien, le stupéfie. De retour en France, le souvenir de cette photographie ne cesse de l’obséder. Face au silence de son père, il décide alors de se pencher sur l’histoire de sa propre famille. Les secrets qu’il y découvre bouleversent son existence. À l’issue de sa quête, Nathan comprendra que le passé, même enfoui au plus profond des mémoires, finit toujours par ressurgir...
Copyright L’Origine Productions
Notre avis : Pouvons-nous parler de L’Origine de la violence sans évoquer les difficultés rencontrées par Elie Chouraqui pour financer son film ? La réponse est clairement "non" tant la persévérance et la ténacité du cinéaste transpire tout au long du film et contribue en partie à sa réussite. Car devant la réticence des producteurs français actuels, plus enclins à se jeter sur le premier divertissement de comédie venu que de se risquer sur des sujets graves moins bankable, il aura fallu le combat d’un cinéaste passionné et déterminé à aboutir. L’entrevue ci-dessous, où il faisait alors appel à l’investissement des internautes, illustre parfaitement cet état d’esprit et constitue une belle introduction au film.
Mais cette rage au ventre salutaire ne suffit évidemment pas à faire de L’Origine de la violence un très bon film. il y a avant tout une matière première de bonne facture, en l’occurrence, le livre de Fabrice Humbert (prix Renaudot poche 2010) dont est tiré le film, et dont le duo, formé du cinéaste et de l’écrivain, a su soutirer la quintessence avec intelligence. Ainsi, même si le film met un certain temps à se mettre en place, à présenter tous les personnages, il prend rapidement de l’ampleur à l’image de la 7ème symphonie de Beethoven qui l’accompagne tout le long. Dès lors qu’il nous plonge dans le Paris occupé, puis lorsque l’action se déplace dans le camp de concentration de Buchenwald (où les séquences ont réellement été filmées !), il ouvre des tiroirs, en referme d’autres et le spectateur restera captivé jusqu’à la fin par cette quête de vérité. Alors, certes, certaines révélations sont attendues et ne fonctionnent pas complètement, mais est-ce bien là l’essentiel ?
Trop conditionnés que nous sommes à ingurgiter des thrillers (films ou séries) où la traque d’un coupable et la révélation de son identité est souvent le cœur de l’intrigue, le cinéaste nous rappelle que la vie est souvent plus nuancée et conclut son film avec finesse, sans aucun manichéisme, nous signifiant qu’il est bien trop facile, pour la génération d’aujourd’hui de juger des actes passés, à une époque ou devenir un monstre était à la portée de tous. Car finalement, aurions-nous eu, nous-mêmes, la présence d’esprit de ne pas en devenir un ? Pas sûr.
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L’autre grande force du film est son interprétation. Stanley Weber, en jeune adulte torturé, alterne excès de rage et moments de calme avec justesse au coté de l’actrice allemande Miriam Stein. Tous deux forment un couple iconique à travers lequel le cinéaste semble vouloir nous indiquer que le mal-être est finalement similaire entre les descendants de victimes et de bourreaux. Quant à César Chouraqui (fils de), il incarne parfaitement ce jeune juif charmeur et insouciant au destin tragique et ne volerait pas sa place à la prochaine cérémonie qui porte son prénom.
Nous passerons sur la prestation de Richard Berry, plutôt en retrait, mais nous ne pouvons pas évoquer la distribution sans parler de la performance incroyable de Michel Bouquet, en patriarche, qui illumine d’une aura éclatante les quelques scènes dans lesquelles il apparait et prouve qu’à 90 ans, il reste un immense acteur.
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Finalement cette violence, enfouie au fin fond de l’âme du protagoniste central, et qui s’échappe de temps à autre, de manière inconsciente, comme de la vapeur à travers une soupape, d’où vient-elle exactement ? Probablement de ce trop plein de silence et du sentiment d’avoir à traverser la vie sans en connaitre son origine. Car lorsque nous effectuons un voyage, quel qu’il soit, il est bien difficile de savoir si nous sommes sur le bon chemin sans en connaitre son point de départ.
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