Le 9 mai 2020
Ridicule comédie sentimentale, émaillée de séquences lelouchiennes, Les marmottes entraîne tous les acteurs dans un naufrage artistique.


- Réalisateur : Elie Chouraqui
- Acteurs : Anouk Aimée, Jean-Hugues Anglade , André Dussollier, Marie Trintignant, Virginie Ledoyen, Daniel Gélin, Christine Boisson, Gérard Lanvin, Jacqueline Bisset, Christian Charmetant, Christopher Thompson, Anne Roussel, Nita Klein
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 9 mai 2020 14:00
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 10 novembre 1993

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Résumé : Comme chaque année, Léo Klein rejoint son chalet de Chamonix pour passer les fêtes de Noël avec sa tribu : ses deux fils, leurs épouses, leurs enfants...
Critique : Les marmottes organise une sorte de huis clos où des couples de la petite bourgeoisie font le point sur leur existence, dans la chaleur ouatée d’un chalet, tandis que la neige extérieure estompe le paysage.
Dès la première séquence où le personnage joué par Marie Trintignant est in extremis sauvé par son compagnon, alors que la jeune femme tente d’enjamber à poil le balcon du chalet, parce que son copain ne veut pas lui faire un enfant, on devine que cette comédie sentimentale, découpée en fausses tranches de vie, atteindra les cimes de médiocrité où poussent les edelweiss. La suite confirme qu’aucun personnage de cette famille réunie n’échappe à la caricature où s’immiscent les stéréotypes de genre les plus éhontés : les femmes sont forcément débordées par leur sentimentalité, jusqu’à devenir des tigresses jalouses ; les hommes sont lâches, infidèles et pleins de contrition, dès lors qu’ils regardent les conséquences de leurs actes avec une rationalité lucide. Parfois, ils se battent, puis se tombent dans les bras avec des sanglots dans la voix, quand ils ne jouent pas dans la poudreuse nocturne pour couronner leur amitié virile.
Les acteurs font ce qu’ils peuvent, mais que sauver dans cette comédie qui lorgne sur du Lelouch (Chouraqui se souvient qu’il fut son assistant) ? Surtout lorsque la caméra tournoie autour de Lucie, presque perdue par son compagnon, et qui s’apprêtait à prendre le train pour en finir avec cette vie-là. On repère même une comédienne chabadabadesque, Anouk Aimée en l’occurrence, dont le personnage s’épanche volontiers avec beaucoup d’affectation, dans une cuisine qui semble faite pour ça.
D’autres scènes exaspèrent franchement (le jeu des fantasmes, lors d’une soirée interminable), lorsqu’elles ne discréditent pas tout simplement le réalisateur et sa coscénariste Danièle Thompson (la séquence de la morgue offre à Anglade, cheveux longs et idées courtes, beauf patenté mais âme tendre, l’une des pires séquences d’actorat qu’on ait vues dans les années 90). Bref, qu’ils s’appellent Lanvin, Dussollier, Gélin, Anglade, Trintignant, Bisset, Boisson, pas un(e) ne parvient à hisser son jeu au-delà du mauvais vaudeville, pour densifier ces créatures fantoches auxquelles on n’a absolument pas envie de s’attacher, parce qu’on les croirait issues d’un roman de gare écrit à la truelle ("Elle est chiante, fragile, névrosée, mais je vais quand même l’épouser et je vous emmerde", "Fais-moi l’amour avant que je meure" -Michèle Torr n’aurait pas chanté mieux-). Pourtant, le long métrage trouva son public à sa sortie et suscita une adaptation sous forme de série, sur TF1. Pas étonnant.