La paix des frères ennemis
Le 5 juin 2011
Ô Jérusalem se veut résolument optimiste. L’exercice est périlleux, mais Elie Chouraqui arrive à faire partager un rêve de paix.
- Réalisateur : Elie Chouraqui
- Acteurs : Patrick Bruel, Ian Holm , Saïd Taghmaoui, J.J Feild, Maria Papas
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Américain, Britannique, Français, Grec
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– Durée : 2h08mn
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Entre l’exposé des faits historiques et les motivations des protagonistes du conflit israélo-palestinien, Ô Jérusalem se veut résolument optimiste. L’exercice est périlleux, mais Elie Chouraqui arrive à faire partager un rêve de paix.
L’argument : 1946. Tout sépare Saïd Chahine et Bobby Goldman. Le premier est arabe de Jérusalem, l’autre est juif new-yorkais. Leurs destins se croisent à New York par accident et une solide amitié, en dépit de leurs divergences politiques, se tisse entre les deux jeunes gens. Mais bientôt, le vote imminent du partage de la Palestine va les conduire en Terre Sainte, ils ne se doutent pas alors que d’amis, ils deviendront ennemis par devoir envers les leurs.
Notre avis : Pour Elie Chouraqui, la ville trois fois sainte aura été une véritable source d’inspiration. Ô Jérusalem démontre combien, si besoin en était, le conflit israélo-palestinien est une guerre fratricide. Il se veut résolument sans parti pris et rassembleur, mais ne peut échapper à la part inconsciente de subjectivité de son réalisateur racontant une histoire qui est aussi la sienne. Une intrigue largement inspirée du best-seller éponyme qui fait le récit de la création de l’Etat d’Israël.
Chouraqui filme la pugnacité d’un peuple meurtri par l’Holocauste, auquel est octroyé une terre le 27 novembre 1947. En d’autres termes, le droit d’exister à nouveau. Le cinéaste fait la part belle à toutes les batailles que les militants de la Haganah, dirigé par Ben Gourion, entreprendront avant la proclamation de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948, pour reconquérir la route de Jérusalem. L’enjeu est de taille - nourrir ceux qui sont emprisonnés dans la Ville Sainte. Et certains comme Hadassah (Maria Papas), une rescapée des camps, se battent avec acharnement pour ne plus jamais être considérés comme des traîtres à leur propre cause.
Les dates, les faits, les anecdotes qu’évoquent Dominique Lapierre et Larry Collins dans leur ouvrage historique sont judicieusement utilisés pour faire de Ô Jérusalem une fiction qui émeut. Toutes les occasions sont bonnes pour rappeler que l’amitié entre Saïd et Bobby prime sur tout. Chacun à son tour perd des êtres chers, mais la haine n’est jamais assez forte pour faire oublier l’amitié. Elie Chouraqui est à la recherche d’un équilibre permanent dans la retranscription cinématographique des drames des Arabes et des Juifs. En les baignant des reflets dorés du Saint Sépulcre, à travers cette coloration particulière qu’il donne à ses images, le réalisateur transmet un signe d’apaisement venu de la cité de la paix à l’attention de tous ses enfants tourmentés. Porter Ô Jérusalem à l’écran ne fut pas une entreprise facile, de nombreux cinéastes s’y sont essayés avant Elie Chouraqui, mais ont été tétanisés par le sujet et son actualité brûlante et la peur de prendre parti. Le réalisateur français n’échappe bien évidemment pas complètement à ces travers, mais il réussit à faire œuvre de paix. En attendant que cette guerre s’arrête un jour, comme en est convaincue Hadassah.
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