Le 25 mai 2015
Philippe Garrel reste intransigeant dans sa démarche et fidèle à l’art qui est le sien depuis maintenant un demi-siècle.
- Réalisateur : Philippe Garrel
- Acteurs : Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Antoinette Moya, Thérèse Quentin, Lena Paugam
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : SBS Distribution
- Editeur vidéo : France Télévisions Distribution
- Durée : 1h13mn
- Date de sortie : 27 mai 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Pierre (Stanislas Merhar) et Manon (Clotilde Courau) sont plutôt pauvres et vivent dans un modeste appartement parisien. Pierre réalise des documentaires à petits budgets et a pour projet de filmer un vieux résistant. Manon est son assistante. Un jour, Pierre fait la connaissance d’Elisabeth (Léna Paugam), une jeune stagiaire qui devient sa maîtresse. Cette dernière découvre que Manon a elle aussi un amant, et le révèle à Pierre...
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Notre avis : Pour son vingt-quatrième long métrage de fiction, le désormais vétéran Philippe Garrel reste intransigeant dans sa démarche et fidèle à l’art qui est le sien depuis maintenant un demi-siècle. Un canevas minimaliste est dans la lignée de L’Enfant secret ou La Frontière de l’aube, récits épurés où la mélancolie est teintée d’une discrète légèreté, et qui enracinent le cinéaste dans la tradition de la Nouvelle Vague et de ses épigones. L’Ombre des femmes se permet ainsi une mise en abyme sur le septième art, dans la continuité du Godard du Mépris ou du Truffaut de La Nuit américaine, sans en faire toutefois le centre de l’intrigue. Mais le petit couple formé par Marie et Pierre a un lien de parenté évident avec Claude Jade et Jean-Pierre Léaud dans Baisers volés, ou Françoise Lebrun et Jean-Pierre Léaud dans La Maman et la putain. Les personnages oscillent entre volubilité et attitude taciturne. Et quand on parle c’est pour causer d’amour, d’infidélité, mais aussi de politique (vaguement) et d’art (énormément), dans un langage fleuri qui tranche avec le naturalisme d’un certain cinéma français. La voix off contribue avec élégance à ce vernis littéraire délicieusement précieux, tout en occasionnant de subtiles ellipses : « Lui ne le voulait pas, elle ne le voulait pas. Ils se quittèrent ».
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Si le dialogue est primordial, la tentation du scénario élaboré ne reste pourtant toujours pas la tasse de thé de Garrel, encore qu’il se soit entouré ici de Jean-Claude Carrière, ex-collaborateur de Buñuel et Rappeneau, et qui a apporté une audacieuse touche subversive (les zones d’ombre d’un vieillard respectable). Aérien, gracieux, fragile, le film éblouit par son spleen baudelairien, sa sensibilité à fleur de peau et son rythme condensé, tout en restant plastiquement séduisant par sa photo noir et blanc, une constante (ou presque) dans l’œuvre de Garrel. Il faut souligner ici le travail remarquable de Renato Barta, avec lequel le cinéaste collabore pour la première fois. Mais d’autres artistes et techniciens contribuent à la belle harmonie de l’ensemble, de Jean-Louis Aubert à la musique à François Gédigier (Dancer in the Dark) au montage. Quant aux acteurs, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Clotilde Courau trouve son plus beau rôle depuis sa révélation chez Doillon et perpétue la grâce des héroïnes de Garrel, les Anne Wiazemsky et autres Christine Boisson. Stanislas Merhar porte une belle quarantaine et compose un personnage qui pourrait donner un nouveau souffle à sa carrière. Garrel dirige en outre à la perfection de discrets seconds rôles, comme Antoinette Moya ou Thérèse Quentin.
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