Le 19 juin 2008
Un danger létal plane sur le cinéma d’horreur en France. Ce genre, méprisé et attaqué sur tous les fronts, a été frappé, via l’outrancier Martyrs, du sceau de l’ infamie, à savoir d’une interdiction aux moins de 18 ans. Une classification anodine ou une volonté politique d’asseoir la pensée unique du politiquement correct, déjà triomphal dans tous les médias ? A méditer !
Un danger létal plane sur le cinéma d’horreur en France. Ce genre, méprisé et attaqué sur tous les fronts, a été frappé, via l’outrancier Martyrs, du sceau de l’ infamie, à savoir d’une interdiction aux moins de 18 ans. Une classification anodine ou une volonté politique d’asseoir la pensée unique du politiquement correct, déjà triomphal dans tous les médias ? A méditer.
L’horreur est un genre poisseux en France. Avec des exploitants, foncièrement contre ce type de productions, refusant pour des raisons de sécurité (ah le public que cela draine !), la programmation des œuvres horrifiques, il est difficile aujourd’hui de les distribuer dans le circuit traditionnel, tout particulièrement à Paris, où elles peinent à trouver plus de 4 salles, en dehors des traditionnelles salles du Publicis ou de l’Orient Express (le cinéma poubelle d’UGC qui vit dans l’ombre du Ciné Cité voisin). MK2 ou UGC bannissant régulièrement tout ce qui est, de près ou de loin, trop sanglant, y compris les numéros un potentiels comme Saw 4, qu’ils refusent dans leurs multiplexes.
Entre censure morale (le rapport des spectateurs à la mort dans le divertissement a toujours généré un malaise chez les bien-pensants, mais jamais le moindre débat !), économique (les films portant des interdictions rapportent moins, donc sont moins ou pas diffusés) et sociale (on veut éviter une certaine population qui refuse de se fondre dans le moule bobo-bourgeois ou familial dominant), les œuvres extrêmes (ou tout simplement de série, « gentiment » saignantes), principalement américaines, ont au moins les marchés étrangers pour se faire une santé. Ainsi les Américains, Espagnols, Anglais ou encore les Italiens sont friands de ces programmes.
Mais que faire pour nos productions locales, audacieuses dans un genre sans réel passif culturel (les exemples de production d’épouvante français sont bien rares) ? Comment faire vivre une diversité de genres, nécessaire pour l’image même de notre cinématographie à l’étranger, et véritable vivier de talents qui s’exportent bien et dont les visages deviennent souvent les noms nobles du cinéma de demain, alors qu’on leur refuse les aides publiques, l’accès aux chaînes hertziennes et finalement la distribution même de leur travail en salle ! Une situation absurde qui conforte le mépris général envers un genre considéré comme sale et immoral.
Cette étroitesse d’esprit et ce mode de pensée ultra réducteur tente de nous faire croire que le cinéma d’horreur, avec son armée de tueurs psychopathes, de zombies et autres vampires, serait responsable de la dégénérescence de la société et de la corruption des enfants (et pourquoi pas de leur échec scolaire, tant qu’on y est ?). Un point de vue dangereux qui conforte le diktat insupportable du politiquement correct.
Aussi, lorsque Pascal Laugier a vu son Martyrs interdit aux moins de 18 ans par la commission de classification, l’opprobre moral et commercial a été jeté sur son nouveau regard artistique, certes outrancier. Comme pour annihiler toutes ses chances d’exprimer un discours sur la violence estimé dérangeant. Et aujourd’hui, que cela soit au cinéma, à la télé ou tout simplement dans les médias en général, il ne faut plus déranger, choquer ou oser, mais plutôt laisser la pensée unique s’exprimer massivement et unilatéralement.
C’est cette forme de démocratie de la honte qu’aujourd’hui le Club du Vendredi 13 essaie de combattre. Ce collectif, créé justement un vendredi 13, regroupant en vrac des personnalités comme Corneau, Kounen, Gans, Julien Maury et Alexandre Bustillo, initié par le distributeur La Fabrique de Films et Xavier Gens (le réalisateur de Frontières) a un lourd combat à mener, et face au poids énorme que représentent des entreprises comme UGC, Gaumont ou TF1, la tâche ne sera pas aisée. Une lutte noble à laquelle nous sommes disposés à faire l’écho dans nos colonnes, celles-ci n’étant jamais muettes quand il faut prendre la défense des talents, peu importe le genre cinématographique dans lequel ils officient. En attendant, la ministre de la culture, Christine Albanel, a demandé le réexamen de Martyrs. Une dernière vraie frayeur pour l’équipe de cette production hors norme qui sortira en septembre prochain.
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