Au nom du père
Le 23 janvier 2006
Enquête sur la filiation, un polar aussi haletant qu’émouvant.
- Auteur : Robert Crais
- Collection : Nuits noires
- Genre : Polar, Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Enquête sur la filiation, un polar aussi haletant qu’émouvant.
Sens du rythme et épaisseur des personnages. Dans ses romans, Robert Crais met à profit son passé de scénariste hollywoodien (il a prêté sa plume à des séries telles que Hill Street blues ou Deux flics à Miami [1]). Si la vocation du noir lui est venue en lisant Chandler, il a su construire son propre univers et y faire évoluer des individualités bien charpentées. En particulier dans les thrillers bâtis autour du privé Elvis Cole, œuvrant dans la bonne ville de Los Angeles. Après Le dernier détective [2], relatant l’enlèvement crapuleux du fils de la compagne de Cole par le propre père de l’enfant [3], c’est encore à une affaire de paternité qu’il s’intéresse avec L’homme sans passé.
Un individu tatoué de symboles christiques meurt dans une impasse de la Cité des Anges. Ses dernières paroles sont pour affirmer qu’il est le père d’Elvis Cole. Choc intense pour notre héros qui broie du noir (sa compagne l’a quitté à l’issue du kidnapping). Flot de souvenirs qui lui remontent douloureusement en mémoire pendant qu’il s’investit dans une (en)quête vitale pour lui. Construit de plusieurs histoires éclatées qui, peu à peu, trouvent sens en se reliant, ce roman met en scène des personnalités attachantes, qu’il s’agisse de Cole et de son enfance meurtrie, de la démineuse Starkey, miraculeusement revenue du pays des morts et qui ne sait comment avouer son amour à Cole, ou encore de l’inspecteur Kelly Diaz marquée par une tragédie familiale. Tous, jusqu’au moindre protagoniste, bénéficient d’un portrait psychlogique fouillé.
Style tendu, suspense qui s’installe graduellement pour devenir haletant dans les dernières pages, humour à froid et bons mots en cascade, passages pleins de poésie, chute aussi imparable qu’inattendue, Crais fait montre d’une éblouissante dextérité dans ce polar d’une grande densité. Mais il sait aussi provoquer notre émotion avec ses héros aussi sincères que fragiles et déglingués, et ses thèmes récurrents (familles qui se désagrègent, difficulté des rapports humains, violence de la société) qui parlent à chacun de nous. Des atouts qui lui permettent de se hisser très haut sur l’échelle du genre.
Robert Crais, L’homme sans passé (The forgotten man, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hubert Tézenas), Belfond, coll. "Nuits noires", 2006, 391 pages, 20,50 €
[1] Pour en savoir plus sur Robert Crais, visitez son site officiel
[2] Belfond (2004), vient de paraître en poche chez Pocket
[3] Pas d’inquiétude à avoir, les romans de la série d’Elvis Cole peuvent se lire dans le désordre
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