Le 24 septembre 2008
Entre les murs, le film polémique de la semaine, à peine remis de sa gueule de bois cannoise, doit confronter son succès aux rancœurs des détracteurs, mécontents de voir l’enfant spectacle voler la vedette à la vraie réalité. Cette dernière reste toutefois encore à définir.
C’est seulement aujourd’hui, 24 septembre que l’on peut dire que l’heure de la rentrée a sonné, avec la sortie du tant attendu Entre les murs. Véritable événement de la semaine, le collège ZEP qu’il met en scène vole aisément la vedette au blockbuster du moment, Les choristes 2, oups, Les choristes 36, aïe, Faubourg 36... Bref, l’inoffensif musical de Christophe Barratier avec Kad et Jugnot, qui malgré ses airs pépères brille tout de même d’un réel talent et mérite par conséquent bien des égards.
Entre les murs, la Palme d’Or surprise qui a ému l’humanité de Sean Penn en mai dernier, s’affiche partout. Les mômes de Dolto, le cinéaste Laurent Cantet et l’ancien professeur François Bégaudeau sont omniprésents dans les médias, ravis du phénomène de société, déclenchant les attaques les plus prévisibles de la part de beaucoup de contestataires, qui forcément voient d’un mauvais œil cette chronique à succès sans même, pour certains, avoir eu la possibilité de découvrir cette fiction. Les débats fusent, entre profs préoccupés par tant de « pseudo vérités » et entre pourfendeurs du bon goût cinématographique. Alors oui, on entend que ce n’est pas du cinéma, que Bégaudeau n’est pas représentatif du commun des enseignants, que c’est une attaque dirigée envers la grammaire, que Laurent Cantet ouvre la porte aux clichés contre l’école républicaine, que tout cela n’a que vocation à déstabiliser le pouvoir...
Pourtant, ce film du constat, loin de tout commentaire politique défavorable à quelconque parti, s’inscrit dans une démarche artistique volontairement manipulatrice (sélection d’instants de cours tous plus cinématographiques les uns que les autres ; caractérisation des figures ; jeu sur l’unité de lieu et de temps ...) et donc dans une logique de cinéma imparable qui prend toute sa valeur dans son réalisme exacerbé. Faute d’ériger le cours de Bégaudeau en parangon didactique et l’établissement collège Françoise Dolto en modèle français, il ne fait qu’un peu plus grincer les dents autour du collège unique, puisque détracteurs et défenseurs de cette institution y trouveront de quoi argumenter pendant encore longtemps. Trop sûrement pour permettre vraiment à l’école d’évoluer. Mais est-ce que cette magnifique rencontre du 7e art avec la réalité avait une vocation aussi puissante ? On peut en douter.
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