L’extravagant Mr Deeds - Frank Capra - Critique

Critique : Frank Capra, fort du succès de son précédent film New York-Miami ("It’s Happened One Night", 1934) obtint des studios Columbia que son nom soit désormais inscrit en gros caractères, au générique de ses réalisations. Fait très rare, à une époque où les cinéastes étaient plutôt considérés comme des techniciens, et où seul le nom du producteur apparaissait en premier.

Ce réalisateur restera comme un auteur de fables contemporaines, ayant foi en l’humain. Son héros ordinaire, Longfellow Deeds (quel prénom !), est plongé, bien malgré lui, dans une histoire qui le dépasse. Lui, presque célibataire endurci, est un doux rêveur qui n’est jamais sorti de sa petite ville où tout le monde se connaît. Il vit simplement d’une petite entreprise, joue du tuba dans la fanfare locale et écrit des poèmes sur des cartes personnalisées pour ses concitoyens. L’avocat qui vient lui annoncer sa fortune, aussi inattendue que colossale, n’est pas aussi bien intentionné que son ton caressant le laisse entendre. C’est avec une forme de sixième sens que Mr. Deeds va vite s’en rendre compte. Peu convaincu, il va tout de même suivre l’homme de loi jusqu’à New York, pour soi-disant gérer au mieux sa fortune.

Le seul événement qui lui sourira dans ce périple sera sa rencontre avec une jeune fille qu’il pense malheureuse et sans le sou (Jean Arthur), mais qui se révélera (au début) une journaliste sans scrupules, qui cherche le scoop auprès de cet inhabituel milliardaire.
Dépité par les gens qu’ils rencontrent, soit intéressés, soit prompts à se moquer de lui, il aura une autre idée que ce qu’on cherche à lui imposer. Mais cette bonne idée ne sera pas au goût de tous.
C’est là tout le talent de Capra (et de son scénariste Robert Riskin) que d’intégrer la petite histoire dans la grande. Le film fut tourné en plein milieu du "New Deal" ("Nouvelle donne"), après la Grande Dépression qui mit tant d’Américains sur les routes.
Un peu de naïveté (bien incarnée par Gary Cooper), des bons sentiments, quelques facilités et un happy end un peu bâclé, n’entachent pas cette comédie imprégnée de l’optimisme forcené de ce conteur hors pair.
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